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Vol. 1 no 2, mai 1980

 

Pont convert à Gayton

 

Un pont convert a existé à cet endroit depuis bien des années. Au début, cette route était le seul lien routier entre ""le Canada"" et l'Acadie.. Nous espérons vous présenter l'historique de ce pont, dans un prochain numero.

 

 

Cueillette de documents historiques à Memramcook

 

Grace à un octroi de $8,428.00 obtenu du gouvernement fédéral par la Société Historique de la Vallée de Memramcook, le projet de la cueillette de documents historiques a été amorcé à l'été, et les resultats sont des plus encourageants.

 

Quatres jeunes étudiants furent engagés dans le cadre de Jeunesse Canada au Travail, pour une période de 14 semaines de travail. La tâche était exigeante, surtout au point de vue de temps requis pour visiter les gens, leur expliquer le projet, obtenir leur confiance, et faire un examen et un triage des documents, des photos, des livres, qui pourraient avoir un interêt historique.

 

Plus de 250 maisons de la Vallée furent visitées, certaines à plus d'une reprise. Nous sommes encouragés de constater que presque sans exception, les personnes visitées ont reçu nos chercheurs très conrdialement, et se sont montrées prêtes à coopérer et à faire leur possible pour assurer le succès de l'entreprise. Nous tenons à remercier bien sincèrement les centaines de personnes qui nous ont permis d'effectuer notre travail: sans elles, et sans leur bienveillance et leur bonne volonte, les beaux resultats obtenus n'auraient pu être réalisés. Quant aux personnes qui n'ont pas eu l'occasion de participer à notre projet- les quatorze semaines de projet ont bien sûr limité le nombre de familles visitées- nous les encourageons de partager avec nous tout document, livre, lettre ou photo qui pourrait être de valeur historique. Elles peuvent nous écrire a C.P. 235, St-Joseph, N.B., ou communiquer avec un membre du bureau de direction de la société Historique, dont les noms paraissent plus bas.

 

Pour chaque maison visitée, une filière fut ouverte; cette filière contient plusieurs informations pertinentes, telles la situation géographique de la maison, son chef, les membres de la famille, ainsi que l'histoire de la maison et de la famille, dans la mesure du possible.

 

La cueillette a obtenu des resultats surprenants: au-dela de 1,400 documents, dont 180 photos et environ 225 livres. La plupart de ces documents nous ont été remis, mais la où les personnes tenaient à les conserver, on leur en demandait le prêt d'une semaine, afin de les photocopier.

 

Chaque document donné ou prêté fut classifié de manière classique et scientifique. En plus de ces documents, lors des visites aux maisons, nos chercheurs ont fait un inventaire de toute pièce d'antiquité qui s'y trouvait. Plusieurs pièces nous ont même été données: celles-ci furent numérotées et identifiées d'après la méthode utilisée par tous les musées. Cette manière de classifier les antiquités fut suggérée par les autorités de l'Université de Moncton, avec qui nos jeunes ont travaillé étroitement au cours du projet: nous tenons à les remercier de leur cooperation.

 

Nos jeunes chercheurs ne se sont pas arrêtés là: en visitant les gens, ceux-ci racontaient souvent un peu l'histoire locale, alors des cartes geographiques de chaque region furent tracées, indiquant les anciens commerces, les écoles, les églises, les maisons importantes. Aussi, l'historique de certains villages fut écrit-non en detail, bien sûr, mais plutôt en général.

 

Enfin, une expositon d'une assez grande envergure fut montée lors des Fêtes Acadiennes de Memramcook, au mois d'août dernier. Ce mini-musée fut l'une des principales attractions des fêtes, et fut certainement apprécié par les centaines de personnes qui l'ont visité.

 

Les Directeurs de la Societe Historique de Memramcook veulent remercier bien sincèrement les quatre jeunes qui ont travaillé diligemment et avec tant d'intérêt à la réalisation de ce projet:

 

Louise L. Léger, directrice du projet

Josanne Cormier, chercheuse

Michel Dupuis, chercheur

Lorraine Dupuis, classificateur

 

Un autre jeune, Michel Breau, choisi au debut du projet comme classeur, du quitter ce travail apr;s seulement quelques semaines de travail.

 

En terminant nous voulons inviter de nouveau les personnes à partager avec nous tout brin d'histoire ou document historique qu'ils pourraient avoir en leur possession: aidez-nous à apprende notre histoire, à la comprendre, à la conserver, et à la partager avec d'autres.

 

Executif du comité de direction:

 

Edmon Babineau, president-758-9181

Béatrice Boudreau, vice-presidente-758-9811

Paul Surette, secretaire

Fred Magee, trésorier-758-2511

 

Les Melansons

 

1- CHARLES MELANSON, né en 1643, d'origine écossaise, arrivé en Acadie vers 1657, en compagnie de son frère Pierre. Marié vers 1663 à Marie Dugas, née en 1648, fille de l'armurier Abraham Dugas et de Marguerite Doucet. Charles s'établit à Port Royal.

 

2- JEAN dit Jani MELANSON, né à Port-Royal en 1690, fils de Charles Melanson et de Marie Dugas, marié le 22 janvier 1714 é Madeleine Petitot, fille de Denis et de Marie Robichaux.

 

3- CHARLES dit Charlo MELANSON, né à Port Royal le 19 janvier 1725, fils de Jean Melanson et de Madeleine Petitot, marié à Port Royal le 17 janvier 1746, à Anne Breau, fille de Jean Breau et d'Anne Chiasson. Ce ménage aurait fait baptiser une fille et deux fils à Port Royal, puis il disparut en 1752, trois ans avant la déportation, il s'établit dans la region de Memramcook vers 1765.

 

4- PIERRE dit Pierrotte MELANSON, né vers 1753 ou 1755, fils de Charles Melanson et d'Anne Breau, marié à Memramcook en 1781 à Anne Richard, fille de René Richard et de Perpétue Bourgeois. (Devenue veuve, Anne Richard mariée 2, le 4 février 1811 à David Melanson, de Scoudouc, N.-B., veuf de Marguerite LeBlanc et fils de Parotte Melanson et de Marie Granger.) La famille de Pierre dit Pierrotte s'établit à Scoudouc.

 

5- EUSTACHE MELANSON, Né à Memramcook en 1787, fils de Pierre Melanson et d'Anne Richard, marié 1à le 5 février 1811, à Memramcook, à Rosalie Bourque, fille de Joseph dit Chaculot Bourque et d'Anne-Marie Forest; marié 2, à Louise Léger, veuve de Thaddée Richard, et 3, le 6 novembre 1855, à Grand Digue, à Cecile Haché, fille de Maurice Haché et de Gertrude Després, de Grand Digue.. Eustache Melanson s'établit dans la région de Memramcook, à côté d'un ruisseau qui porte son nom, à environ un mille au nord de l'Institut de Memramcook.

 

6- DAVID MELANSON, Né le 27 mars 1814, fils d'Eustache Melanson et de Rosalie Bourque, marié à Memramcook, le 18 janvier 1836, à Marie Bourque, fille de Laurent Bourque et de Marguerite Pellerin.

 

Un frère de David, Maximin Melanson, s'établit à la Haute Aboujagane, où il fut l'un des premier et principaux habitants.

 

7- SYLVAIN MELANSON, baptisé le 11 mai 1845, fils de David Melanson et de Marie Bourque, marié à Memramcook le 24 février 1873, à Nathalie Ouellette, fille d'Amand Ouellette et de Marguerite Bourque.

 

8 -THOMAS MELANSON, né à Memramcook le 29 juillet 1878, fils de Sylvain Melanson et de Nathalie Ouellette, marié 1à à Elizabeth Melanson, fille de Sylvain Melanson et de Dométhilde Bourque; marié 2, à Exelda Cormier, fille de Vital Cormier, de Ste-Marie, N.B.

 

 

Le Collège Saint-Joseph et sa vie musicale au tournant du XXe siècle

 

Par Paul Surette

 

En septembre 1896, Benoït Poirier, un garçon de 13 ans dont l'intérêt pour la musique était grand, quittait l'Ile-du-Prince-Edouard pour Memramcook où il allait poursuivre ses études au Collège Saint-Joseph.. A son arrivée à l'institution, des ouvriers y construisaient un nouvel édifice.. Celui-ci était destiné à l'enseignement des sciences, mais devait en plus comprendre une belle salle de théâtre.. Il servirait surtout à commémorer l'oeuvre du père Lefebvre, le fondateur du collège, dont la mort était survenue l'année précédente.

 

Nous brossons un petit tableau de ce que représentait le Collège Saint-Joseph et surtout sa vie musicale à l'époque où le collégien Poirier y jouait dans la fanfare et l'orchestre et y commençait une carrière d'organiste qu'il devait achever dans les plus grandes églises du Canada.

 

I. Memramcook et le Collège Saint-Joseph

 

Les deux contours de la riche et fertile vallée de la Memramcook constituent encore un des plus beaux sites des Maritimes.. C'était bien les cas à la fin du Xxe siècle.

 

Depuis les années 1860 et l'arrivée de la voie ferrée, les Acadiens de cette ancienne région de peuplement étaient en train de s'ouvrir au monde anglophone et nord-américain qui les entourait tout en prenant connaissance d'eux-mêmes comme en témoigne la première "convention nationale" de 1881.

 

Un grand élément de cette renaissance acadienne fut justement le collège que fonda, en 1864, le père Lefebvre.. Toutefois, la main-mise tenace des Irlandais sur la hiérarchie écclésiastique de l'époque valut à cette institution française et catholique de devenir aussi accommoder les catholiques anglophones.. Au tournant du siècle, le tiers des élèves étaient de langue anglaise et une grande partie du cours commercial se donnait exclusivement en anglais.. Le prospectus de l'institution portait fortement à l'attention une situation permettant aux jeunes Acadiens d'apprendre cette dernière langue avec des "condisciples et des professeurs dont l'anglais est la langue maternelle." (1)

 

L'institution était régie par une corporation de sept membres, dont faisait partie le supérieur (en l'occurence le p.re Amédé Roy, le successeur du père Lefebvre. (2) En majorité recruté parmi les pères Sainte-Croix, le corps enseignant comprenait 25 professeurs, nombre qui resta constant au cours du séjour du jeune Poirier. Ce corps, dont deux-cinquième des membres étaient cependant laique, comprenait des Acadiens, des Québécois et des Irlandais. (3)

 

A cette époque le nombre d'élèves pour une année était , en moyenne, à peu près de 190, bien que ce total augmentait toujours (4). Quoique le collège fût fondé afin de servir principalement les Acadiens, ceux-ci y étaient en minorité. En 1897-98, sur cinq élèves du collège deux seulement étaient Acadiens, deux étaient Anglophones et un Québécois. L'élément francophone restait néamoins majoritaire. (5)

 

Le collège fut établi en fonction d'y offrir le cour classique. Mais, vu l'esprit de "progrès" qui était celui du XIXe siècle finissant et vu le contexte nord-américain de la civilisation on y avait ajouté un bon contrepoids de matières scientifiques. Le cours commercial était aussi offert mais se revêtait d'un fort accent anglais.

 

II. La musique

 

Toutefois, ce sont les activités musicales à Saint-Joseph qui nous intéressent particulièrement.

 

Dès se fondation, les aptitudes musicales semblent avoir été mises à bon escient au collège. Quelques années après les débuts de l'institution (6), le père Lefebvre fit venir de France une vingtaine d'instruments à vent. Ceux-ci constituèrent la base matérielle d'une fanfare qui deviendrait une des gloires du collège.

 

1. Le directorat.

 

Nous ne connaissons rien des premiers professeurs de musique. Il s'agissait peut-être du père Lefebvre lui-même. Vers les années 1870, c'était l'abbé Lauvrière qui assumait ces fonctions. Il eut comme successeurs M. Edouard Ringuette (jusqu'en 1881) et le père A.-T. Bourque (entre 1881 et 1889)., A cette même année, ce dernier fut remplacé par le père Sylvère J. Arsenault qui fut, de façon intermitente, le directeur musical jusqu'en 1899.

 

Ce natif du Village-des-Abrams sur l'Ile du Prince Edouart était un musicien nature, un autodidacte. Il jouait de presque tout les instruments et enseignait toutes les matières musicales. (8) Malheureusement, sa santé précaire rendit son directorat incertain. Après un premier intérim contrariant entre 1893 et 1896, il en advin un second à l'année 1899-1900: à cause de son épuisement, le père dû abandonner toutes ses charges musicales. Ses cours et la conduite des diverses formations furent partagés par trois autres professeurs. (9)

 

Mais, l'arrivée du père Hippolyte D. LeBlanc, un autre ancien du collège, marqua un renouveau pour la musique à Saint-Joseph. Comme le père Sylvère, il cumulait toutes les foctions musicales possibles. Afin de donner suite à l'ancienne Société Sainte-Cécile dont l'organisation avait été suspendue au cours de la direction du père Sylvère (10), le père Hippolyte tenta de mettre sur pied une Société philharmonique. Son enthousiasme surmonta beaucoup de difficultés. Ses conseils firent revivre la fanfare délaissée à cause de l'état vieilli des instruments. En 1901, face à une mutinerie de jeunes musiciens jaloux à cause de l'excellence de certains de leurs confrères, il fit preuve de présence d'esprit pour régler une situation sérieuse. (11)

 

2. L'organisation de la musique

 

a) les cours et les élèves

 

Au collège, la musique était bien une discipline facultative, un art d'agrément. Il fallait payer 25 dollars par an pour des cours de piano et dix pour des leçons soit de cornet, de flûte, de violon ou de tout autre instrument. (12) Ce n'était pas tous les étudiants qui pouvaient s'offrir un tel luxe. Néamoins, les plus talentueux n'avaient besoin que de leur propre habilité pour chanter dans le choeur ou jouer dans les formations instrumentales. L'exemple de Benoït Poirier est probant. Sans avoir bénéficié de leçons comme telles, sa participation à la vie musicale du collège fut intense. Il faut signaler l'apport important des rares collégiens de l'Ile du Prince Edouard, car entre 1896 et 1902, presque sans exception tous ceux-ci participaient à la fanfare, à l'orchestre ou au choeur (13).

 

B) locaux

 

Avant 1900, la salle principalement affectée à la musique était le vieux théâtre. Celui-ci faisait partie intégrante du corps du premier édifice en pierre. Le père Hippolyte nous assure que là, livres, partitions et papiers de musique, instruments, pupitres, etc., tout était tassé pèle-mèle dans de vieilles armoirs (14).

 

Après l'été 1900, quant l'aile F.-X. Cormier fut recouverte de pierre et aggrandie (15), son rez-de-chaussée du côté est (vers le devant du bâtiment) servait dorénavant de salle de musique. Et, c'est à son premier étage qu'avaient lieu les répétitions de la fanfare (16).

 

(Au prochain numéro, nous donnerons une description des différentes musiques qui se faisaient au Collège Saint-Joseph.)

 

Notes.

 

1. Extrait d'une description du Collège Saint-Joseph qui était incluse dans tous ses palmarès. Voir ceux de 1900-1901, p. 11

 

2. Album souvenir du Collège Saint-Joseph. 1864-1939, p.7

 

3. En 1897-1897, sur 25 enseignants, dix étaient laiques et, quant à la composition ethnique (bien qu'elle soit difficile à définir), il y avait huit Acadiens, onze Québécois et six Irlandais; en 1901-1902, sur 24 professeurs-onze laiques: sept Acadiens, onze Québécois et six Irlandais. Les Québécois y maintenaient leur avantage. Voir Plamarès de ces années, au pp.3 et 4.

 

4. De 157 en 1897-1898, il passa à 210 en 1901-1902. Voir Palmarès des ces années, respectivement aux pages 29 à 33 et 29 à 35.

 

5. En cette année, il y avait 60% de Francophones (dont 40% étaient des Acadiens et 20% des Québécois) contre 40% d'Anglophones. Il va sans dire que ces pourcentages sont arrondis. Voir Palmarès.

 

6. Quelques-uns suggèrent la date 1867 (Procès-verbaux de la Société Sainte-Cécile (PVSSC), p.2); d<autres précisent que ce fut en 1871 (l'Album souvenir du Collège Saint-Joseph, op. cit., p.42.)

 

7. PVSSC, p.2

 

8. Benoït Poirier à Henri Gaudet, lettre du 13 août 1953, Papiers de la famille Poirier.

 

9. Palmarès de 1899-1900; pp. 3 et 4. M.T. Arsenault assurait l'enseignement général, le piano surtout; le père A.-T. Bourque, le violon; M. Raoul Bourbeau, la direction du chant et des ensembles instrumentaux. Ces deux laiques étaient sans doute des nouveaux gradués.

 

10. Palmarès de 1900-1901, p. 36

 

11. PVSSC. Pp. 10 et 11.

 

12. Palmarès

 

13. Ibid. Les exemples notoires en sont, à part Benot Poirier, Toussaint Arsenault de Wellington, Béloni Gaudet de Miscouche, Pierre Pineau et Benoït Gallant de Saint-Chrysostome.

 

14. PVSSC, p.3.

 

15. Ibid. Cependant, l'Album souvenir du Collège (op. cit., p. 7) nous assure que ce "prolongement" fut fait en 1898.

 

16. PVSSC, P. 3