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Vol. 3 No.1, avril 1989

Fort Folly

Notes historiques de la pointe rocheuse de Beaumont

Le 8 mai 1754, le gouverneur William Shirley1 du Massachusetts écrivait à Sir Thomas Robinson du Colonial Office de Londres: “On pourrait s’emparer du petit fort français sur la pointe de terre entre la rivière Amramcook (Memramcook) et petcoject (Petitcodiac)”.
Vers la fin du 19e siècle, l’historien Placide Gaudet2 racontait: «Ici, au bout de la pointe Rocheuse (de Beaumont), on reconnaît encore les traces de l’emplacement d’un fort construit sur les ordres du gouverneur du Canada (1747-1749), Michel de la Galissonière.»
Et, selon le Sackville Tribune Post3 du 7 mars 1950, «peu de gens sont au courant qu’un fort était situé approximativement du côté du phare(lighthouse) et que deux gros canon français reposent dans la boue au bas de la falaise.»
ussi, selon le même auteur: «The history of the war that led to the expulsion of the Acadians has been largely in the hands of English historians and consequently great prominence has been given to the almost bolldles capture of Beausejour and Gaspereaux by the English troops, but little, if any to the very few battles in which the invaders were defeated. One of these engagements was fought between the guns of Fort Folly (I am using the name Fort Foly not knowing the correct Acadian name) and the British Fleet under the command of a Captain Frye and has sometimes been called the Battle of Petitcodiac or Shepody.»
Dans le «Geographical Names of New Brunswick»4, on peut lire que le «Fort Folly» a été associé selon la tradition à plusieurs noms:
a) un dépôt d’armement des rebelles dans leur tentative de capturer sans succès le Fort Cumberland.
b) un fort acadien détruit par les Britanniques vers 1755.
c) un dépôt de matériaux pour la construction de la route Cumberland.
d) un nom donné par les marins parce que la région était dangeureuse à la navigation.
Desbarres disait en 1781: «Point Gilbert» et Wilkinson en 1859: «Fort Folly».
La réserve indienne Fort Folly a été établie près de là en 1840.
En 1899, durant la construction du phare (“lighthouse”), Monsieur Philippe Belliveau(3), son premier gardien, trouva un mur de pierres de deux pieds et demi de haut, probablement les restes du fort de la Galissonière sur lesquels on érigea le phare qu’on aperçoit sur la première page de ce cahier. Ce phare a été détruit en 1964 et remplacé par une “lumière” sur une tour en métal de dix pieds. L’entretien de cette “lumière” a été discontinué en 1976(6)
Les personnes suivantes se sont succédées comme gardien du phare:
Philippe Belliveau
Aimé Belliveau
Philippe Belliveau
Eddy Boudreau
Aujourd’hui, il ne reste que les pierres de la cave, une vieille tour rouillée et un terrain rochex d’environ trois acres. Ce terrain serait un site idéal pour ériger un monument à la mémoire de tous ces braves gens qui ont su défendre l’embauchure des deux rivières contre les agresseurs du Capitaine Frye de Beauséjour durant la “Bataille de Chipoudie”en 1755.
Robert Léger
Notes :
(1) Correspondance of William Shirley, MacMilln, New york, 1912, page 63.
(2) Placide Gaudet, texte de l’archiviste fin 19e siècle, Archives accadiennes, Université de Moncton 1.27.8
(3) The Story of Fort Folly and other historical notes, Cyril Chapman, the Sackville Tribune Post, le 7 mars 1950.
(4) Geographical names of New Brunswick, Alan Rayburn, Energy Mines and Ressources Canada, Ottawa, 1975, Page 109.
(5) Philippe Belliveau, Boudreau Village, N.-B., lettre au professeur W.F. Ganong, 30 janvier 1899. Archives du musée du Nouveau-Brunswick, Ganong Manuscripts Collection Box, pk2, Saint-Jean, N.-B.
(6) Garde côtière du Canada, photographie et communication par lettre, août 1988.
Mot du président
D’abord. Je me dois à titre de présidnet de la Société Historique de la Vallée de Memramcook de remercier toutes les personnes qui nous ont fourni des articles ainsi quie ceux qui ont acheté des annonces publicitaires. Grâce à eux, nous pouvons vous présenter ce bulletin historique.
Parmi ls projets qui occupent les membres du Conseil d’administration dans le moment, il y a celui d’ériger un monument avec plaque en bronze à Beaumont en l’honneur de Jacques Bonnevie dit Beaumont, premier colon dans cette région. Le projet devrait être terminé pour la fête de Sainte-Anne. Aussi dès avril, nous pensons pouvoir lancer une campagne de fonds en vue de sa réalisation. Nous aurons doc besoin de vos contributions.
Dans le dernier bulletin, jai questionné le fait que plusieurs noms dans la région ont été changés du français à l’anglais. Dernièrement, la publication “Le Lien” soulevait le danger d’anglicisation de notre milieu. Nous devons réagir devant ces changements. C’est à nous d’y voir.
Nous devons féliciter les marchands et les entreprises qui s’affichent de plus en plus bilingues. Nous pouvons constater de ce côté-là des améliorations. Quelqu’un me disait voilà quelques années passées qu’il avait été surpris d’entendredes touristes québecois d’adresser en anglais à des gens de la région. Ces visiteurs se croyaient peut-être dans un milieu anglais vu le nombre d’affiches uniquement en anglais.
Dernièrement nous avons vu que les trois premiers ministres des provinces maritimes veulent profiter du fait acadien dans chacune de leurs provinces dans le but d’attirer les touristes. Il ne faudrait pas que nous soyons exclus de ce projet. La région de Memramcook est une des plus anciennes régions acadiennes et elle a toujours été reconnue comme ayant été le “ Berceau de l’Acadie”. C’est donc à chacun et chacune de faire en sorte que nous restions ce quie nous avons toujours été des Acadiens et Acadiennes.
Nous de la Société Historique croyons qu’il faut mettre en valeur nos sites historiques afin de donner à notre régions l’importance qui lui revient vu son rôle dans le développement de plusieurs villages de la partie est et sud-est du Nouveau-Brunswick ainsi que de grands personnages qui ont vécu ou qui sont nés à Memramcook. Un jour nous espétrons pouvoir offrir aux visiteurs plusieurs attractions au plan historique tel le projet de Beaumon, celui de la Montain, du Monument Lefebvre, etc.

Je profite de l’occasion pour vous inviter à l’assemblée annuelle qui va se tenir à l’Ecole Abbey-Landry le 20 avril. Venez vous informer des projets en marche comme celui de Beaumont, Du Monument Lefebvre, du monument à Jacques Bonnevie dit Beaumont et de bien d’autres. Vous êtes donc tous et toutes les bienvenus.
Edmond Babineau

Quelle était belle la vallée (suite)

La messe terminée, les fidèles s’attardent sur le perron de l’église Sainte-Anne de Beaumont. Dorilla et Pierre sont heureu de rencontrer les amis de leur enfance. Chaque année, ils font le “pèlerinage” à Beaumont.
Pierre-C’est vrai. C’est une belle petite église. Very romanctic! Non? Et je suis content que l’on veuille la réparer.
Dorilla-What? Ah! Yes! That’s right. Je suis tout émue. Ça me fait chaud au coeur d’entendre la messe en français. Just like the old days. No?
Pierre-Of course...
Dorilla-Les gens qui ne se sont pas exilés aux Etats ont gardé leur vieilles coutumes. I really enjoyed that. C’est bien.
Pierre-Moi, j’ai faim. I’m starved. Je veux aller dîner tout de suite... Dorilla, on y reviendra à Beaumont. That’s a promise...we’ll be back. And we’ll take a long walk along the river. How about that?
Dorilla-Good! Qui sait? On trouvera peut-être des “tétines de souris” et de la passe-pierre. Wow! Ça me plairait.
Pierre-Ok. Maintenant on va dîner.
Dorilla-Oui...Oui...Après, je t’emmènerai voir l’emplacement de mon vieux chez-moi. Ce n’est pas loin d’ici.
Se tenant par la main, Dorilla et Pierre marchent tranquillement vers le bungalow de leur ami Philome qui les attend. En effet, Philome leur a préparé un vrai dîner acadien: des poutines rapées, des poutines à trou et des pets de soeur pour le dessert. Après le dîner, Dorilla va les emmener à l’emplacement où se trouvait la maison de ses parents.
Maintenant, ils sont assis sur le perron de la vieille maison de ses parents. C’est une maison abandonnée.
Dorilla-Ah! Ça me fait mal au coeur. Really. This beautiful house...That’s too bad.
Pierre-C’est le prgrès...
Dorilla-Progrès?...What do you mean? Notre maison est abandonnée...et c’est le progrès?
Pierre-Progrès pour nous autres aux Etats...Notre maison aux Etats, notre chalet...our yacht our mobile home...That’s progress! No?
Dorilla-And so what? You call that progress? Moi...pas! Je ne comprends pas. La destinée de mon père a été différente. Lui, il en a eu du progrès, comme tu dis.
Pierre-For Pete’s sake! Tu veux dire quoi?
Dorilla-Tu ne vois pas. B’en, regarde labelle vue, la mer, l’air pur, les montagnes du comté d’Albert...and so on...’y a rien comme ça à Waltham. What about it?
Pierre-Ah! Hummm...Ah!
Dorilla-....Les aboiteaux, les “quarries” en arrière, le chemin qui va à la “lighthouse”. Tu connais pas ça?
Pierre-For Pete’s sake! You’re right.
Dorilla-...Y a des maisons aux Etats bâties avec des pierres des “quarries” de Beaumont...-même à New York...
Pierre-That’s so. Qui t’a dit ça?
Dorilla-Don’t you read books? J’ai parlé à l’avocat Belliveau de Boston. Y m’a emmenée voir les grands livres dans la bibliothèque de Waltham...That’s incredible. Et les archives de Boston...j’en ai vu des choses.
Pierre-Ouais...Ouais...Ouais...
Dorilla-Viens. Viens avec moi derrière la maison...
Pierre-What?
Dorilla-Come on. Viens. Regarde là. Tu vois. Les rhubarbes que mon père a plantées longtemps passé. And they’re still growing...
Pierre-Well, I’ll be darned!
Dorilla-(Se grattant la tête) Quand j’y pense. Si on était restés ici...Si tout le mond exilé aux Etats était resté ici... Je me demande ce qui se serait passé...Well?
Pierre-Well, I don’t know.
Dorilla-Why did we have to go to the States? Pourquoi? Réponds-moi.
Pierre-Le travail. On n’avait pas de travail ici.
Dorilla-Je pense que ça été voulu! Somebody changed our destiny...notre destinée, comme disaint mon défunt père (Elle fait un grand signe de croix.)
Pierre-Sais-tu Dorilla, ça fait pas longtemps qui on est revenus en Acadie. Chapque jour que le bon Dieu amène, il me semble que je suis plus à l’aise avec le français.
Dorilla-C’est vrai. Moi itou...Si on y reste deux mois, on oubliera peut-être la langue américaine.
Pierre-Exagère pas...Really.
Dorilla-Well, moi j’aimerais ça si je pouvais parler français tout le temps aux Etats.
Pierre-Et le “melting pot” américain? Tu y penses?
Dorilla-Comme Martin Luther King a dit: “I had a dream”
Pierre-Tu rêves en couleurs.
Dorilla-Why not! Ah! Pardon. Pourquoi pas? ...Moi, je suis tout émué... Je me dis... Si tout le monde ... si au mins la moitié du monde était resté par ici pour “combattre”. Ça aurait changé quelque chose... Non?
Pierre-J’y pense souvent... Oui... Est-ce que ça aurait changé quelque chose?
Dorilla-peut-être. Y aurait fallu essayer. Si seulement...Ah! À quoi bon...
Dorilla et Pierre restèrent là un long moment, les yeux rivés sur le “refoul” qui remontait lentement le fleuve Petitcodiac.
(A suivre au prochain numéro. Nos deux Américains iront faire un tour à Pré d’en Haut).

Nos noms de lieu de l’ancienne Acadie

Où se situent, l’un par rapport à l’autre, le Village des Belliveau et les “Pierre à Michel”? Justement quelles montagnes ont valu son appellation aux Beaumont? Y eut-il des Acadiens pour précéder les Anglophones à Dover? Les réponses à ces questions démontrent que nos ancêtres acadiens, faisant preuve d’une remarquable fidélité au monde d’avant le Grand Dérangement, conservaient aux lieux les noms de leurs premiers habitants même quand pas un seul d’entre ceux-ci ne restait dans la région, ni même dans toute l’Acadie. La région depuis Dover jusqu’aux Beaumont, jadis appelé le “Petit Petcoudiac”, nous en fournit un très bon exemple.

Dover-”Pré des Surette”: La région du présent Dover (un nom celte) connut la présence acadienne avant et après “la tourmente”, et bien avant 1809, quand le grand propriétaire DesBarres y placa des Anglophones. Même les premières familles d’entre ces derniers se servirent assez longtemps du nom de lieu acadien. Robert McFarlane avait pris la ferme de Paul à Michel Duguay sans la lui payer. En 1824, quand il réclama au gouvernement “ses terres” en opposition aux DesBarres , il précisa que celles-ci faisaient partie du marais des Surette (Suret Marsh).

En effet, les Acadiens- Préjean, Dubois, Duguay, Brun, Donnelle, Bonnevie, Thibodeau et Maillet - qui étaient retournés dans la région dès 1774, employaient toujours le nom des premiers colons d’avant le Dérangement. C’est vers 1745 que Pierre à Pierre Surette quitta la Rivière Petcoudiac et le marais environnant. L’y rejoignirent sa famille, son gendre Pothier et , plus tard, la veuve de son frère Joseph, l’aïeule des Surette de Dieppe et de Louisiane. Grâce à un immense labeur, les Surette assainirent le marais et rendirent habitable une région qui, à juste titre, s’appelait la “Pré des Surette”.

Village-des-Belliveau-”Pierre-à-Michel”: “Village-des-Belliveau” et “Pierre-à-Michel” ne désignent pas deux endroits différents, mais un seul et même lieu. Vers 1779, Joseph dit “Jospiau”, seul fils de Pierre Belliveau, le patriarche de Saint-Joseph, vint sur la Petcoudiac avec deux de ses beaux-frères et refonda l’ancien village situé prè de la pré d’en bas. Deux épouse lui donnèrent huit fils lui assurèrent une postérité nombreuse. Cependant les Belliveau et leurs voisins Bourgeois, LeBlanc et Richard n’oublièrent jamais que ce furent deux des fils de Michel Vincent, Pierre et son demi-frère Jean, qui avaient fondé le village bien avant 1755. Bien que les descendants des Vincent, les “Pierre-à-Michel” et les “Jean-à-Michel”, se trouvent maintenant au Québec, en Louisiane et en France, les habitants du Village-des-Belliveau les ont toujours reconnus comme concitoyens et, autant que le leur, tiennent leur nom en honneur dans le nom de lieu.

Beaumont: Bien qu’il y ait dans la région des Beaumont de bien beaux monts, aucun d’enre eux n’est à l’origine du nom de la localité. Plutôt, les Acadiens qui s’y sont installés à partir de 1780 -Bourque, Gaudet, Boudreau, et Gautreau - lui gardèrent le nom de son fandateur, Jacques à Jacques Bonnevie qui s’y était établi vers 1729. Il faut expliquer qu’on désignait le plus souvent cette famille par son sobriquet de “Beaumont”, peut-être attaché à un lieu d’origne en France.

Jacques eut trois épouses dont les deux premières accouchèrent, sur la riive de la Petcoudiac, d’au moins cinq enfants. Bien que la guerre et les attaques anglaises aient dispersé la plupart de cette famille, un petit-fils, Joseph à Joseph, revint dans la région et habita la Pré-des-Surette pendant quelques années vers 1800; puis, son nom fint par s’éteindre. Aujourd’hui, bien que les Bonnevie dit “Beaumont” descendants de Jacques, se trouvnet seulement en Nouvelle-Ecosse- notamment à Tracadie et à Chezzetcook, leur nom se maintient toutjours sur la Petcoudiac.

Pour brouiller danvantage l’origine de ce nom de lieu, il s’installa sur la rive opposée, presque en vis-à-vis, des Anglophones qui s’appelaient Beaumont. Il n’y a cependant, entre ces deux noms, qu’un lien bien distant et faible.

Au Moyen Age, une aristocratie de Français, surtout normands, s’épuisa à gouverner et diriger l’Angleterre, si bien que la plupart de ses familles s’éteignirent avant l’avènement des Tudor en 1485, mais, auparavant, quelques-uns de leurs vassaux, serviteurs et serfs anglo-saxons avaient adopté leurs patronymes. Tel fut le cas des De Beaumont, grand seigneurs de vastes domaines dans le centre du pays et descendants de Robert de Beaumont, l’aîné de deux frères originaires de la vallée de la Risle en Normandie où se situe leur domaine de Beaumont le Roger. Le seul lien entre le village acadien et le nom que porte la famille anglophone est donc la dérivation d’un très commun toponyme français que se partagent, en France, au moins une cinquantaine de villages.
Paul Surette, Historien
(L’histoiren Paul Surette est aussi l’auteur de “Les Indiens de la grande région de Memramkouke: Trois Rivières-Beaubassin.” Vol. 2, no 2 - novembre 88)

Les aventures d’un “chiac”

C’matin-là, faisait un “grou frette”. J’ai eu ben de la misère à “starter mon car”. J’ai été obligé de “scraper ma windshield”. Boune chance que j’avais des “brand new snowgrip tires” et j’ai pu passer dans la rue que la “snow plow” n’avait pas fini de “cleaner”. J’ai “drivé” sur la “Smith Avenue” jusqu’à la “Main Street”. J’ai été “parker mon car” à la “Post Office”. J’ai rentré chercher ma “mail”. J’ai aussi acheté un “stamp et mailé” une “post card”. Après ça, j’ai travosé la “Main Street” au “Cross Walk” pour aller à la “barber shop” pour une “hairecut”, j’ai rentré su “Louis Confectionery” et j’ai acheté deux “Birth Day Post Cards”. En sortant, j’ai passé au “Hardware Store” pour deux “light bulbs”. J’ai travorsé la “Main Street” de nouveau pour aller au “Dry Cleaner” charcher une “pant suit”. Asteur le “dry cleaner” est brûlé, et on sera obligé de faire “dry cleaner” nos hardes à Moncton. En revenant, j’ai entré à la “bakery” et j’ai acheté une douzaine de “date squares”. Après toutes ces courreries là, j’ai retourné à la “Post Office” charcher mon “car” pour aller au “grocery store”. J’ai eu de la misère à trouver “une parking place”, parce que le “parking lot” était rempli de “cars”. Dans le “store”, j’ai pris un “cart”. J’avais une “grousse ordre à acheter”: une “can d’orange juice”, une “can de cranberry sauce”, de la “head cheese”, des “Sticklen sausages”, “2 fryers”, du “hamburger steak”, une “pizza pie”, des “grapes” qui étaient en “sale”, de la “Corn Oil margarine”, un paquet de “Corn Flakes” et de Shredded Wheat”, de “l’ice cream”, du “toilet paper” et du “tinfoil”, une “tooth brush et de la Pepsodent tooth paste”, une livre de “Red Rose tea”, du “Maxwell Haouse Coffee”, du “Coffee mate”, de la “Baking Soda et baking powder”, un “sponge cake”, une douzaine de “rolls”, un loaf de “whole wheat bread”, une can de “beans”, de “l’Ivory soap”, une boîte de “breeze”, un “Kraft dinner”, un paquet de “chocolate cake mix” et un sac “d’all purpose flour”. Mon “cart” était “chock full”. Au “cash”, il y avait une grande “line-up”. La “cashier était un peu “slow” mais “nice”. Après qu’elle a eu tout “enregistré” sans un mot, elle m’a passé la “slip” et a dit “eighty-five dollars and fifty-nine cents”, en français, quatre vingt cinq piastres et cinquante neuf cents. Ça quasiment pris tout l’argent de mon “old age pension check” que j’avais été “cashé à la Bank “. Comme c’était un “self service store”, je n’avais pas besoin d’avoir une commis qui parlait le français. La “cashier” m’a dit le montant de mon “bill” en français et en anglais. Je pense bien qu’elle était “bilingue”. C’est vrai que le Nouveau-Brunswick, la province pittoresque est officiellement “bilingual” fifty-fifty, comme on dirait. Tout ce que la “cashier” n’a pas dit “marci” ni “Have a good day” comme on dit dans le sud. Pour retourner “back” à la maison, j’ai passé par les “back streets” et par la “Sackville Street et Breaux Bridge”. Après que j’ai rentré tout cette “grocery” là, j’ai ôté mon “jacket” et mes “overshoes”. J’ai mis mon “sweater” et mes “bed romm slippers”. J’ai “turné la Tee-Vee on” à “Another World”. Je m’ai élongé sur le “chesterfield”. Pouf. J’étais “all in” et ça pas prit de temps que je m’ai endormi. Quand je m’ai réveillé, c’était la belle Thérèse Florea dans sa jolie robe mauve qui était en train de poser la question du jour à une Madame Noël de Lamèque dans son programme “Coup D’oeil”. J’était encore fatigué, je m’ai rendormi. J’espère ben que Madam Noël aura ben répondu à la question et que sa “post card” aura été mise dans la grande boîte et qu’elle gagnera le voyage en Louisiana. Comme vous le voyez, en mêlant le français et l’anglais, les Acadiens ne sont pas à la veille d’être assimilés et la belle alngue française continuera de rayonner dans le pays de “chiacs”, cette langue apporté il y a plus de 375 ans par nos ancêtres, n’est pas paré à disparaître. Thank God.
Gaudet

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CATTA, Etienne, Le révérend Père Camille Lefebvre (1831-1895) et la renaissance acadienne, Moncton, La Province acadienne des Pères de Sainte-Croix, 1983, 3 tomes, 1448 pages.

Le résumé suivant se veut de vous donnez le goût de lire d’avantage des ouvrages historiques de Memramcook.

L’histoiren français Catta reçut en 1964, lors du centenaire du Collège Saint-Joseph, la demande d’écrire la vie du Père Lefebvre. Le titre se veut d’associer le Père Lefebvre avec la renaissance acadienne, et avec raison. Aussitôt arrivé à Memramcook, il prend la relève de l’abbé Lafrance et il fonde le Collège Saint-Joseph. Ceci fut un point tournant pour le peuple acadien qui avait été persécuté, expulsé et oublié pendant deux siècles. Néamoins, il n’a fallu qu’un quart de siècle au Père Lefebvre et à son oeuvre d’éducateur pour relever l’Acadie. On le proclame dorénavant, l’apôtre de la Renaissance acadienne. L’auteur a voulu intégrer à l’étude, l’histoire de l’Acadie commençant en 1524 lorsque Verrazano baptisa l’Arcadie.

En 1863, huit ans après son ordination, le religieux est “appelé” à fonder un établissement d’éducation. Le Collège Saint-Joseph ouvre ses portes le 10 octobre 1864 avec un corps enseignant de quatre pères, trois frères, et trente et un élèves.

Le Père Lefebvre avait un grand courage et développa un grand amour pour le peuple acadien, ce qui facilita sa lutte auprès des lacunes matérielles et économiques. A Memramcook, le Père n’était pas que supérieur du Collège, il était aussi le curé d’un territoire d’environ quarante milles, rassemblant plus de deux milles croyants.

L’enracinement du Collège se fait assez facilement avec la communauté quoique sur le plan provincial (ou diocésain), ce sera plus lent. En 1868, l’incorporation est octroyé au Collège. C’est lors de la convention à Memramcook, en 1881, que le Père Lefebvre voit qu’il n’a plus à lutter seul pour l’Acadie et il en est très heureux. C’est ici pour la première fois qu’il demande qu’on le retire à la cure de la paroisse (plus tard, ce sera des desmandes pour se retirer du supériorat). D’ici sa mort, il perd ses forces graduellement et se sent incapable de supporter totes ses tâches. Cependant, il avait trouvé son successeur, le P. Alfred Roy. Le Père Lefebvre tombe malade en décembre 1892 et ne sera jamais plus le même.

En 1894, le Révérend Père est reconnu pour son dévouement. L’Université Laval lui offre le titre de docteur en Théologie, et ses anciens élèves dévoilent une statuette de lui, au Collège.

Après une longue maladie, le “libérateur” de l’Acadie meurt le matin du 28 janvier 1895...un grand deuil national. Les services funèbres eurent lieu à Memramcook devant une foule d’à peu près quatre mille gens venus de partout, et quarante-deux prêtres.

Au lendemain, tous parlent de lui: “...Il est le Moïse qui nous a délivrés du servage de l’ignorance...”(Poirier à Rameau St-Père, tome III, p.1227) “ ...il a fait le bonheur d’une nation...” (L’Evangeline, tome III, p. 122)

En juin 1897, on inaugure le Monument Lefebvre, à proximité du Collège, un édifice de pierre renfermant une salle de concert, un musée et un cabinet de physique. En 1939, on érige une statue de bronze devant le Collège devenu Université Saint-Joseph depuis 1928. Dans les années suivantes viendront s’introduire les cours d’été, l’Ecole d’agriculture, l’Ecole de Commerce et en 1964, l’Université est transféré à Moncton pour en devenir l’Université de Moncton.

Pendant ses trente années à Memramcook, il fut facile de noter son attachement, son dévouement envers ses supérieurs religieux, au Saint Joseph, à ses élèves, à ses paroissiens, enfin à tout le peuple acadien. Il introduisit la neuvaine à Saint-Joseph, la Fête-Dieu, la fête de Ste-Anne à Beaumont, auxquelles les croyants se rassemblaient nombreux.

Ce fut un grand homme qui n’aimait pas se faire louanger, il disait plutôt: “je n’ai rien fait ici de moi-même, je n’ai accompli que la volonté de Dieu... Je n’ai fait ici que l’oeuvre de Dieu, et pas seul...” (Tome III, pp. 1234-1235). Il avait trois grandes qualités: le zèle, le don de parole et le génie de l’éducation.

Le Révérend Père Camille Lefebvre a beaucoup donné à son peuple adoptif. Ce fut une joie pour lui de susciter l’éveil chez le reclus, le faire parler, de lutter pour ses droits, de respecter son voisin peu importe sa nationalité, de se faire respecter par tous, de grandir sans cesse dans l’amour et sa langue maternelle, de reconnaître ses défauts et ses qualités, et d’avancer pour se faire une place. Ce grand éducateur se réjouit sans doute de l’apport de l’Université de Moncton, descendante du Collège, au niveau provincial, national et international. L’Acadie est connue partout... quoiqu’il est facile d’affirmer que la vallée de Memramcook est le berceau de l’Acadie. Ce centre de population fut le coeur de la renaissance de 1864 jusqu’aux années 1960...aujourd’hui il n’en reste malheureusement que des souvenirs...

Pour souligner davantage l’importance de la venue du Père Lefebvre en Acadie, on peut citer Anselme Chiasson: “L’histoire de l’Acadie se divise en deux parties: avant le Père Lefebvre, après le Père Lefebvre.” (Tome III, p. 1421)
R.G.

Assemblée annuelle de la Société historique de la vallée de Memramcook -

Jeudi le 20 avril 1989 à 19:30 hres
- L’Ecole Abbey-Landry (amphithéâtre)
- Nous discuterons entre autres du projet de la Chapelle Ste-Anne à Beaumont et de l’aménagement du Monument Lefebvre. <

Bienvenue à tous et à toutes

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Monument Lefebvre

Le Monument Lefebvre va enfin faire peau neuve. Il y aura bientôt 13 ans, plus précisément en novembre 1976, une rencontre publique était appelée au Monument Lefebvre ayant pour but d’essayer de sauver cet édifice historique contre une détérioration progressive due à son grand âge et le manque de ressources financières pour assurer sa survie.

Il m’en fallait pas plus pour qu’une centaine de personnes intéressées, représentant une vingtaine d’organismens acadiens de la régions et agences gouvernementales, s’amènent dans ses vieux murs et y constatent le malheureux état de sa santé et discutent ensemble des moyens à prendre pour non seulement le sauver physiquement mais aussi lui redonner vie.

A l’issue de cette rencontre, quinze personnes étaient nommées ayant pour tâche la formation d’une société historique qui se chargerait de parrainer la sauvegarde du Monument.

Dès le début de l’année 1977, ces quinze personnes, fortes de l’appui de quelques autres intéressés, nommèrent les dix premiers membres d’un bureau de direction qui devint peu après la société historique de la vallée de Memramcook. Cette société élargissait par le fait même son madat sans oublier, la cause du Monument Lefebvre, sa première raison d’être.

Le 26 avril de cette même année, un mémoire, rédigé en dix pages, fut adressé par cette nouvelle société à l’Institut de Memramcook l’informant de son existence et de ses objectifs dont celui “de faire connaître et conserver le patrimoine historique, architectural et naturel de la vallée de Memramcook”.

Le travail de sensibilisation était donc amorcé. De nombreuses rencontres s’ensuivirent auprès de différents groupes et organismes y compris les dirigeants de l’Institut. Peu de temps après, on apprenait que la Commission nationale des lieux et monuments historiques sur laquelle siégeait notre regretté compatriote Jules Léger, recommandait “la reconnaissance de la survivance des Acadiens” comme fait d’importace historique nationale et la désignation de la vallée de Memramcook comme lieur pour commémorer ce fait.

Le Monument Lefebvre étant naturellement un endroit tout désigné pour l’interprétation de cette surviance, les responsables de l’Institut recommandèrent alors que le Monument Lefebvre soit choisi, ce qui fut fait. Parc Canada, à qui revenait cette tâche d’interprétation s’installa donc au rez-de-chaussée de l’édifice après que quelques travaux de rénovation nécessaires furent complétés. Mais voilà que quelques années plus tard, le prévôt aux incendies déclarait que le Monument était devenu dangereux et en interdisait l’accès.

C’est alors que Mme Muriel K. Roy, alors co-présidente du comité consultatif acadien pour Parc Canada, s’intéressa vivement à la cause du Monument. Entourée de personnes également intéressées dont certains membres de la société culturelle de Memramcook, de la mairesse de Saint-Joseph et d’une conseillère, elle dirigea ce groupe en multipliant les rencontres avec politiciens, hauts fonctionnaires fédéraux et gens influents d’ici et d’ailleurs. Voici un bilan de dossier dressé par Muriel K. Roy à la suite d’une rencontre des représentants d’organismes acadiens avec l’honorable Bernard Valcourt en août 1987.

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Le Monument Lefebvre est le plus important édifice du patrimoine acadien. Il fut construit avec les contributions des Acadiens pour honorer la mémoire du fondateur de la prmière institution d’enseignement supérieur pour les Acadiens, le père Camille Lefebvre.

Durant plus d’un demi-siècle, le Monument Lefebvre a été le site de ralliements nationaux et d’événements significatifs dans le relèvement socio-économique et culturel des Acadiens.

La salle du Monument Lefebvre a accueilli des artistes de renommée internationale, entre autres, Yehudi Menuhin, la famille VonTrapp, le violoniste Arthur LeBlanc, plus récemment, en raison de ses qualités acoustiques exceptionnelles, cette salle a servi à Radio-Canada pour l’enregistrement de certaines émissions musicales.

En 1968, la province du Nouveau-Brunswick faisait l’acquisition de la propriété du collège Saint-Joseph y compris le Monument Lefebvre. L’édifice principal du collège devenait l’Institut de Memramcook.

En 1982-1983 Environnement Canada Parcs a été locataire du rez-de-chaussée du Monument Lefebvre pour son centre d’interprétation de la survivance des Acadiens. En raison des travaux amorcés au printemps 1984, il a fallu aménager l’exposition ailleurs. Une roulotte sert présentement à héberger une partie de l’exposition et ce pour le quatrième été consécutif. L’interdiction en 1983, pour des raisons de sécurité, d’utiliser l’auditorium incita le ministre provincial de l’éducation d’alors, l’honorable Clarence Cormier, à faire des démarches auprès du Ministère fédéral des Travaux publics, l’honorable Roméo LeBlanc pour la restauration du Monument Lefebvre. Pour entreprendre ces travaux, il a fallu transférer la propriété du Monument Lefebvre au gouvernement fédéral. Une évaluation par le gouvernement fédéral confirme la valeur patrimoniale de l’édifice.

Les architectes de Travaux publics ont préparé des plans de restauration de l’édifice afin que celui-ci puisse se prêter à une utilisation maximale de toutes ses installations: au sous-sol, salles de travail, ateliers et toilettes; au rez-de-chaussée, aménagement pour Environnement Canada Parcs et l’exposition de la Survivance du peuple acadien, et à l’étage, un auditorium restauré et équipé pour activités culturelles: théâtre, films, récitals, etc.; -escaliers sécuritaires, ascenseurs pour handicappés et pour servir de monte-charge.
-Automne 1984, travaux interrompus à l’élection du nouveau gouvernement. Démarches intensives pour la reprise des travaux. Interventions des associations et institutiions acadiennes auprès du ministre. Pourparlers avec nos représentants acadiens au gouvernement fédéral.
-Juillet 1987, le Ministère des Travaux publics demande des soumissions pour des travaux de réparation au Monument Lefebvre - travaux qui compromettaient l’aménagement et la restauration qui s’impose. Protestations urgentes auprès du ministre Valcourt. Monsieur McInnis accepte de suspendre les démarches pour réexaminer le dossier.
-29 août 1987, rencontre avec le ministre Valcourt, visite du Monument et plaidoyer pour une restauration complète du Monument telle qu’originalement conçue.
-En juin 1986, le coût de restauration, selon les plans originaux, s’élevait à 1.4 millions (estimé de Travaux Publics). Monsieur Valcourt exige la création d’une corporation pour assurer l’administration et l’exploitation de l’édifice.
-Nous rappelons au ministre qu’un conseil d’administration est déjà en place (plusieurs de ses membres sont de la présente délégation) et attend depuis longtemps une action acceptable de Travaux Publics, propriétaire de l’édifice. L’incorporation du conseil d’administration est prévue (c’est maintenant chose faite, mars 1989). Un représentant de chacun des deux paliers du gouvernement fédéral et provincial pourrait y siéger.
Muriel K. Roy
21 septembre 1987

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Depuis la rédaction de ce bilan, d’autres retards sont survenus et plusieurs autres recontres eurent lieu y compris une visite aux nouveaux ministres et députés provincial de la région. Une autre élection fédérale eut aussi lieu.

Enfin, en février dernier, une dernière rencontre avec le directeur de Travaux Publics lui permettait de confirmer que le projet de restauration du Monument Lefebvre allait bientôt devenir une réalité et que des appels d’offres seraient faites en avril après que tous les plans d’architecte seraient terminés. Le nouveau budget adopté est de 1 800 000,oo$ et un échéancier nous a été remis prévoyant que le Monument pourrait être utilisable en février 1990. Le tavail de la Société du Monument Lefebvre n’en est pas pour autant terminé car il faudra prévoir d’autres financements pour l’aménagement de cet édifice; c’est à dire, l’installation d’un système d’éclairage moderne à l’auditorium, l’achat de rideaux et de draperies etc. Et possiblement le remplacement des fenêtres, ce qui n’est pas prévu dans le projet de Travaux Publics. Mais l’essentiel est acquis, le Monument Lefebvre revivra d’autres beaux jours.
Bertholet Charron

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