La Société Historique de la Vallée de Memramcook

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Vol. 4 No 1, mars 1991

 

Le maître-autel de l’église Saint-Thomas de Memramcook a été sculpté par Louis-Thomas Berlinguet ( 1795-1863). M. Berlinguet a joué un rôle important dans la construction de l’Assemblée Nationale du Québec, des églises Saint-Anne de Beaupré et de Sainte-Marie de Beauce ( Québec).

 

NOTRE PATRIMOINE

 

Les Pères Gauvreau, LaFrance et Lefebvre seraient sans doute surpris de revoir l’intérieur de l’église Saint-Thomas de Memramcook.

 

Avec la vague "de tout changer " qui suivit Vatican II, on transporta, sans consulter les paroissien–ne-s le maître-autel, la chaire, certaines statues et les peintures au sous-sol de l’église.

 

Quelque temps après, et encore sans consultation, on retrouve une grande partie de ces objets historiques au Musée acadien de l’Université de Moncton. On nous avait enlevé auparavant le couvent et l’Université. Voilà que notre patrimoine part aussi.

 

L’église de jadis n’existe plus, car on a essayé de transformer l’un des plus vieux lieux de culte en Acadie en un édifice moderne sans son âme d’autrefois. Et pourtant, on n’as pas changé radicalement la basilique Saint-Pierre de Rome, ni la basilique Marie-Reine –du –Monde à Montréal, ni la cathédrale l’Assomption de Moncton. De plus, on ne s’est guère soucié de l’esthétique et de l’aspect historique. On a même "débalancé" l’harmonie de l’église en descendant l’orgue en bas. Les architectes ont-ils été consultés ?

 

Notre beau maître-autel, la chaire et nos peintures ont-ils été vendus, prêtés ou donnés au Musée Acadien ? La lampe du sanctuaire en argent a-t-elle été vendue aux antiquaires ?

 

Les dommages ont été faits par des personnes qui ne se souciaient guère du patrimoine "Memramcookien". Cependant, il n’est pas trop tard pour ramener chez- nous ce qui nous appartient. On pourrait restaurer et réinstaller le maître-autel, tout en conservant l’espace pour exposer "l’Adoration des mages" à sa "place originale", c’est à dire dessous le choeur de chant.

 

"La descente de la croix" qui ornait autrefois le mur au-dessus du maître-autel de l’église Saint-Thomas de Memramcook a été peint en 1860 par Antoine Plamondon ( 1804-1895) M. Plamondon étudia en France à l’école de Paulin Guérin, l’un des élèves du grand peintre David.

 

L’ABOITEAU

 

En faisant leur demeure près de la mer, les Acadiens marquèrent le paysage et furent influencés par la géographie du milieu. Plutôt que de déboiser les terres hautes pour en faire des terres cultivables, ils se servirent de l’expérience que certains avaient dans l’assèchement des marais pour établir un système agricole tout à fait original.

 

Les digues appelées aboiteaux, du nom du canal qui servait à l’écoulement des eaux, permirent aux Acadiens de réclamer à la mer des terres basses très riches qui donnaient de hauts rendements agricoles.

 

D’une hauteur de six à huit pieds et d’une largeur de huit pieds les aboiteaux pouvaient protéger les terres alluviales des marées de la baie de Fundy.

 

Une fois la digue construite, il suffisait d’attendre deux ou trois ans pour que l’eau de pluie ait lavé la terre du sel qu’elle contenait avant d’y semer du blé, de l’avoine et des légumes que l’on trouve ordinairement dans un jardin potager. Sur les terres hautes, les Acadiens plantaient des arbres fruitiers comme des pruniers, des pommiers et des cerisiers.

 

Le fonctionnement de l’aboiteau est illustré sur le dessin de gauche. Une étude approfondie d’en saisir toutes les particularités et le fonctionnement.

 

1. Expression qui désigne les Acadiens d’avant la dispersion. L’utilisation de digues et d’aboiteaux firent d’eux des défricheurs d’eau. (Jean-Claude Dupont, "Les défricheurs d’eau" dans Culture vivante, XXVII décembre 1972, pp 6-9)

 

LES ABOITEAUX

 

Quand Calixte Duguay chante sa chanson sur les aboiteaux, plusieurs d’entre nous se posent des questions : qu’est-ce qu’on entend par des aboiteaux ? Est-ce une région de Saint-Joseph, ou est-ce plus que cela ?

 

C’est à la suite de quelques rencontres à Memramcook que je me suis rendu compte à quel point les aboiteaux s’évanouissent dans la mémoire collective. Je prends donc cette occasion, à l’intérieur de vos cahier de la Société Historique, pour parler un peu de vous et de votre patrimoine culturel.

 

Alors, que sont les aboiteaux ? Lorsqu’on entend parler d’aboiteaux, on se réfère souvent à l’élévation de terre qui longe une rivière ou une nappe d’eau plus étendue. Pour la Vallée de Memramcook, les digues, ou levées, sont très évidentes dans les marais. Il faut toutefois préciser que l’aboiteau n’est pas la levée, bien qu’il en fasse partie. L’aboiteau se définit plus spécifiquement comme la partie de la levée où il y a canal renfermé sur lui-même, qui traverse la levée de tout son long, et qui permet à l’eau douce d’évacuer les terres de culture. Ce canal, puisque complètement renfermé, peut s’appeler conduite d’évacuation. Elle était autrefois construite de bois équarri , avec à l’intérieur une porte appelée "clapet" qui permettait à l’eau douce de sortir vers la rivière et empêchait l’eau salée d’envahir les terres cultivées. C’est justement ce type d’aboiteau qui a été installé en face de l’église de St-Joseph; lorsqu’on a construit une nouvelle route, l’aboiteau a été remplacé par un simple tuyau d’écoulement. Le nom a toutefois demeuré.

 

Il faut dire que le but principal de l’aboiteau, c’est d’empêcher l’eau salée de pénétrer sur les terres. Mais pourquoi chercher à cultiver des terres basses, ou terres de marais, alors que les terres hautes, ou terres boisées, les entourent ? Nos ancêtres étaient-ils trop paresseux pour vouloir défricher ? Nous pensons autrement .

 

Nous pouvons nous vanter d’être un peuple très zélé pour ces valeurs. Plusieurs autres cultures se seraient dissimulées à la suite d’un exil comme nous avons connu en 1755. Pourtant, l’Acadie est encore debout. Alors, pourquoi les terres basses?

 

Les premiers colons français à s’établir en Acadie en permanence, tiraient leurs sources familiales de milieux tels le Poitou ou la Saintonge. Ces régions sont formées de terres basses, souvent des marais salants, mais aussi des marais d’eau douce. Nos ancêtres étaient donc très à l’aise dans cet environnement, et à force d’élever des digues pour protéger leurs terres, sont devenus des experts dans l’assèchement des marais. Plusieurs recherches récentes démontrent qu’un acre de terre basse produit souvent cinq fois plus qu’un acre de terre haute.

 

Au cours de mes nombreuses visites dans la Vallée de Memramcook, j’ai l’occasion de rencontrer de charmants informateurs, entre autres Théophile Landry, Gérard Gaudet, Gustave Gaudet et Josh Breau, qui avait alors 104 ans. Récemment, je m’intéresse davantage à la Vallée et ses habitants, car je réalise que vous avez un patrimoine caché à mettre en valeur. Il s’agit ici, bien entendu, des aboiteaux.

 

Au cours des derniers mois, j’ai voulu mettre une touche d’actualité à l’ouvrage dont je parlais précédemment, et qui sera disponible bientôt. Mon objectif principal était de trouver s’il existait toujours des aboiteaux de construction traditionnelle. Avec la précieuse collaboration des Ministres d’agriculture du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, nous avons pu délimiter les eddroits où il semblerait que les anciens aboiteauux soient toujours existant. Nous avons vite compris que les quelques aboiteaux qui nous resteraient seraient d’une rareté précieuse. Nous avons eu beaucoup de difficulté à concevoir que nos aboiteaux, objets uniques dans l’histoire de la culture acadienne, puissent effectivement avoir complètement disparus de notre environnement. Il faut se rappeler que sans ces aboiteaux, Memramcook n’aurait pas vu le jour. Et bien, c’est justement dans cette même Vallée que nous avons trouvé les derniers aboiteaux de construction traditionnelle, c’est-à-dire, des aboiteaux qui datent de début du siècle. Et, à notre connaissance, la Vallée demeure le dernier témoin de ces reliques. De plus, un de ces aboiteaux a été construit par Josh Breau lui-même, vers 1935.

 

Vous gens de la Vallée, avez un patrimoine culturel qui ferait l’envie de plusieurs autres communautés acadiennes. Nous pouvons justement penser au Village Historique Acadien, qui a dû reconstituer ces aboiteaux parce qu’il n’étaient plus fonctionnels sur le site. Et vous qui en avez d’authentiques ! C’est assez pour "s’en chavirer les boyaux", comme la Sagouine.

 

Nous entendons parler de rénovation du Monument Lefebvre, de la restauration de l’église de Beaumont. Ces initiatives visent non seulement à attirer les gens de la localité, mais la forte affluence de personnes qui empruntent la route transcanadienne. Il y a,avec cette route, un potentiel touristique qui n’a pas été suffisamment exploité. Quelques statistiques publiées par le Ministre du tourisme, des loisirs et du patrimoine démontrent qu’il y a au-delà de 500 000 visiteurs qui traversent la Vallée de Memramcook chaque été, en empruntant la route transcanadienne.Aussi, la frontière N.-B. / N.-E., à quelques kilomètres seulement de la Vallée, reçoit la plus forte affluence de trafic, avec 23 pour cent des voitures qui s’en servent comme point d’entrée, et 19 pour cent comme point de sortie. Ces pourcentages dépassent tous les autres points d’entrée et de sortie au Nouveau-Brunswick.Et rappelons-nous que 85 pour cent des visiteurs du Nouveau-Brunswick nous arrivent par voie routière

 

           

Un circuit touristique aurait donc toutes les chances d’amener d’importantes retombées économiques dans la Vallée de Memramcook. Le coup d’envoi a déjà été donné par le Monument Lefebvre, témoignage de la survivance des Acadiens.Le site de Beaumont pourrait sûrement ajouter au circuit la présence des autochtones, que nous avons toujours côtoyés. Par ailleurs, n’oublions pas nos aboiteaux.Lorsqu’on constate que le Village Historique Acadien, qui avec ses reconstitutions muséographiques d’aboiteaux, attire 100 000 visiteurs par année, bien qu ”il soit loin de l’artère principal qui traverse la province, nous nous devons d’examiner la possibilité de mettre nos aboiteaux en valeur.si le circuit touristique devient réalité, les aboiteaux témoigneraient sûrement davantages sur la raison qui fait que la Vallée de Memramcook est devenue "berceau de l’Acadie"

 

Des démarches auprès des Ministères du tourisme, des loisirs et du patrimoine, ainsi que le Ministre d’agriculture, pour mettre en valeur ces constructions de grande importance ethnologique, auraient sans doute plus de poids si elles entraient dans le cadre d’un projet d’envergure tel l’établissement d’un circuit touristique.

                                               Yves Cormier

Saint-Antoine-de–Kent

                                                                                               le 11 juin 1989

 

MARICHETTE

 

Émilie LeBlanc Carrier

 

1863-1935

 

Née dans la paroisse de Memramcook le 14 mai 1863, Émilie LeBlanc grandit dans une époque qui donnait peu de place à la femme en matière de droits.Pourtant Émilie LeBlanc a su faire part de ses idées progressistes par le biais d’un journal acadien.Ses études chez les religieuses de Memramcook et à l’école normale de Fredericton lui donnèrent les outils nécessaires pour exprimer ses opinions d’une façon pittoresque .

 

Entre le 14 février 1895 et le 3 février 1898, Émilie LeBlanc publia, sous le pseudonyme de Marichette, treize lettres dans l’Évangeline de Weymouth, Nouvelle-Écosse où elle travaillait comme enseignante. Elle a traité d’une façon controversée de nombreux sujets parmi lesquels on retrouve les moeurs électorales, l’émigration, la langue et les jeunes acadiennes aux États-Unis. Elle déclara même la supériorité de la femme sur l’homme. Ses réflexions portaient sur la vie politique, économique, sociale, religieuse et intellectuelle de ses compatriotes à la fin du dix-neuvième siècle .

 

Dans un langage populaire, Marichette a exprimé sa fierté d’être Acadienne et son désir de conserver la religion, la langue et les coutumes de ces ancêtres. Les idées qu’elle a avancées étaient souvent audacieuses. Marichette s’est servie de la plume pour dénoncer plusieurs injustices sociales. Dans ses écrites, elle a envisagé les problèmes acadiens sous un point de vue féminin. La lecture de ses lettres illustre bien sa ferveur et son militantisme pour l’amélioration de la condition féminine .

 

Sa première lettre était écrite pour revendiquer le droit de vote des femmes.

 

J’veut vous écrire pour vous dire que j’sont fatiguée d’attendre que la loi passe en chambre pour le souffrage des femmes pour nous donner le droit de voter. Durant c’temps les femmes souffre d’envie de se rendre au polls pour montrer à nos vieux comment voter.1

 

Afin de pouvoir pleinement apprécier cette revendication de Marichette, il importe de se rappeler qu’il a fallu de nombreuses années et beaucoup de travail avant que les femmes n’obtiennent le droit du suffrage aux élections provinciales en 1918, alors que les Néo-Brunswickoises l’ont obtenu en 1919.

 

Une femme qui critique l’establishment et qui revendique des droits accrus n’était pas vu d’un bon oeil au dix-neuvième siècle. C’est ainsi que malgré son instruction et sa connaissance de la langue française, Émilie LeBlanc voit la nécessité d’écrire sous le nom de Marichette et de plus brouiller son identité réelle. La lecture de ses lettres la présente comme une vieille femme, mère de nombreux enfants, pauvre et peu instruite. Cependant, à cette époque elle était une jeune célibataire sur le marché du travail. Elle se maria seulement à son retour au Nouveau-Brunswick quelques années plus tard et aucun enfant ne naquit de ce mariage.

 

Au début de ses publications, les lettres de Marichette étaient perçues comme étant naïves et peu troublantes. Toutefois, ses nombreuses critiques et revendications finirent par inquiéter plus d’un. Ainsi, suite à une pression sociale continue, Marichette cessa d’écrire .

           

L’histoire de Marichette mérite d’être racontée car elle témoigne des difficultés auxquelles les femmes d’autrefois devaient faire lorsqu’elles essayaient de se tailler une place dans la société .

 

Références bibliographiques

 

Gérin, Pierre et Gérin, Pierre M. 1982. Marichette, Lettres acadiennes 1895 – 1898, Sherbrooke, Québec : Editions Naaman .

 

Gérin, Pierre. "Une écrivaine acadienne à la fin du XIXe siècle : Marichette "

Atlantis, vol. 10, no. 1, automne 1984.

 

Lemieux, Thérèse et Caron, Gemma. 1981. Silhouettes Acadiennes,

La Fédération des dames d’Acadie .

 

Tulloch, Elspeth. 1985. Nous, les soussignées : Un aperçu historique du statut politique et légal des femmes du Nouveau-Brunswick. 1784-1984. Conseil consulltatif sur la condition de la femme du Nouveau-Brunswick.

 

(1) Gérin, Pierre et Gerin, Pierre M. 1982. Marichette, Lettres acadienne 1895-1898, Sherbrook, Québec : Edition Naaman p. 52 .

 

                                               EXPLORATION

 

Les premières mentions de notre région furent en 1605, alors que Poutrincourt et Champlain explorèrent les côtes de la baie française de Malabarre ( Cape Cod, aux Etats-Unis ). Ils sont descendus jusqu’à l’embouchure de la Baie Fundy et à un moment donné, ils parlent d’une pointe rocheuse qu’on identifie aujourd’hui comme .tant la pointe des Beaumont .

 

Ces derniers ne font pas mention de mention de vie humaine dans la région ; mais quand le Père Biard accompagné de quatre sauvages et Biencourt arrivèrent à Memramcook en 1612, ils trouvent là à peu près de 60 à 80 cabanes sauvages. Le Père Biard écrit :

 

                        " Ces sauvages ne sont pas si vagabonds que les autres, soit parce que la terre est plus retirée et que la chasse est abondante. En plus le pays est généralement agréable et de grande fertilité s’il était cultivé. " 1

 

De 1612 à 1650, il y a très peu de choses qui se développent dans la région de Memramcook. On sait que les Indiens sont toujours là, mais il faudra attendre un peu plus tard, soit vers 1672, pour trouver à Memramcook des colons, des pêcheurs et des coureurs de bois ( qui font le trafic des fourrures ). Ces colons étaient venus de Beaubassin (Amherst) et s’étaient établis sur le bord des rivières Chipoudie, Petitcodiac et Memramcook. A cette époque Memramcook est compris dans la Seigneurie de la Vallière .

 

A partir de 1698, Memramcook commence à se développer de façon plus intensive. En effet, pendant l’année 1698, Pierre Thibodeau, Guillaume Blanchard, Pierre Gaudet et quelques colons partent de Port-Royal pour explorer le territoire des trois rivières (expression communément utilisée pour décrire la région entourant Memramcook), ces trois rivières étant Shepody, Petitcodiac et Memramcook. Lors de cette excursion, Pierre Gaudet, le plus jeune du groupe, se prit un lot sur les rives de la rivière Memramcook. Son fils, Pierre surnommé Pierrot, fut l’un des principaux défricheurs de la localité.

 

Suite à ces événements, on peut dire que Memramcook fut fondé vers 1700, mais ce ne fut qu’après le traité d’Utretcht que la Vallée connut une hausse marquée de sa population. Ce traité, signé en 1713 entre l’Angleterre et la France, cédait l’Acadie à l’Angleterre, alors les Acadiens de Port-Royal ont voulu aller s’établir là où ils n’auraient pas à vivre avec les Anglais. Memramcook fut choisi par plusieurs d’entre eux.

 

(1) Notes Historiques sur Memramcook, Centre d’études acadiennes,

Université de Moncton, Moncton, N.-B.

 

La majorité de ces familles avaient des habitations du côté est de la rivière Memramcook, c’est-à-dire du côté de College Bridge .

 

De 1752 à 1755, d’autres colons sont venus s’ajouter au premier groupe déjà établi. Ces colons venaient de Port-Royal (Annapolis Royal), des Mines, de Pisiguit (Windsor) et de Beaubassin (Amherst). Ils quittaient, leurs terres puisqu’ils se sentaient en danger dans leurs régions respectives .

 

Durant cette période, les Acadiens étaient toujours menacés par les Anglais puisqu’ils refusaient de signer le serment d’allégeance inconditionnel à la couronne britannique .

 

En signant le serment inconditionnel, les Anglais les auraient ainsi forcés de prendre les armes contre leur mère patrie mais ces derniers préféraient demeurer neutres, c’est- à –dire ne défendre ni la France ni l’Angleterre. Les Acadiens cherchaient plutôt la paix et une vie calme en ce nouveau pays, tout en étant éloignés des conflits en Europe .

 

DÉPORTATION

 

Cependant les Anglais n’acceptaient pas cette neutralité de la part des Acadiens. Ils craignaient l’accroissement rapide de la population acadienne, de même que leur grande amitié avec les Indiens. En cas de guerre, si les Indiens s’alliaient aux Acadiens, ceux – ci auraient été beaucoup plus nombreux que les Anglais établis en Acadie .

 

C’est pourquoi, à L’automne de 1755, le lieutenant- général Charles Lawrence annonce que les Acadiens vont être déportés ...

 

La misère déjà présente chez les Acadiens s’aggrave de façon considérable. On embarque les gens sur des bateaux surchargés, familles séparées, et on part pour de grands voyages avec rien dans les mains. Tout ce défrichement, ces installations sont données aux colons anglais qui prennent les terres et souvent brûlent les anciennes habitations acadiennes .

 

Par contre, dans la région de Memramcook, le calme existe encore en 1756, mais suite à la prise du Fort Beauséjour par Monckton, les Acadiens établis à Memramcook commencent à douter de leur sécurité future. Leurs méfiance fut justifiée à l’automne de 1756 quand le Colonel Scott arrive à Memramcook avec 300 hommes. Scott ne trouve à Memramcook que six personnes malades : les autres, environ 80 familles, s’étaient cachées dans les bois .

           

À partir de 1713 jusqu’au dérangement, les Acadiens de Memramcook vivent de façon assez primitive. Ils sont surtout établis le long de la rivière Memramcook .

 

En 1752, on compte à Memramcook 51 familles (250 personnes), dont –

 

Blanchard        - 6 familles

Richard            - 4 familles

Lanoue            - 2 familles

Dupuis             - 2 familles

Benoit      - 2 familles

Landry     - 5 familles

Aucoin      - 2 familles

Maillet       - 1 famille

Girouard          - 3 familles

Forest              - 1 famille

Daigle              - 2 familles

Savoie             - 1 famille

Robichaud       - 4 familles

Bastarache       - 1 famille

Hébert             - 7 familles

Deslauriers       - 1 famille

Cyr                  - 4 familles

Bourque           - 1 famille

Thibodeau        - 2 familles 2

 

(2) LeBlanc, Henri-Paul, Dossier Henri-Paul LeBlanc

 

Cependant, Scott amena avec lui 300 têtes de bétail et chevaux, mais avec peu de succès car en traversant la rivière Tintamarre, un courant les noya tous .

 

Peu satisfait des évenements, les Anglais sont revenus à Memramcook trois fois pendant l’hiver. Malgré ceci, ils ne firent que quelques prisonniers.

 

Les Acadiens s’étaient cachés en trois lieux principaux, soit : au ruisseau du Collège, au ruisseau des Cabanes qui aboutit au Lac et le long de la côte de Lourdes, et enfin, dans la région de La Montain et Dover. Ces Acadiens sont demeurés à l’écart pendant cinq ans .

 

En plus, il y a des Acadiens qui se sont déplacés beaucoup plus loin, soit au village des Babineau (Coverdale). D’autres encore sont montés vers le nord du Nouveau-Brunswick, tandis qu’un groupe marcha jusqu’au Québec, et enfin certains allèrent s’établir sur l’Ile – Saint- Jean (Ile –du-Prince-Edouard ).

 

Malgré tout, en 1759 il y avait encore 190 Acadiens le long des rivières Petitcodiac et Memramcook.4 Ces gens vivaient dans la grosse misère. Pauvres et toujours menacés d ‘être déportés par les Anglais, un groupe d’Acadiens décida à l’automne de 1759 de signer des accords avec Major Frye. Ce dernier accepta de recevoir 63 Acadiens au Fort Beauséjour (nommé Cumberland à l’époque) pour y passer l’hiver. Aussi Frye permit aux colons de s’installer dans les quelques maisons que les Anglais n’avaient pas incendiées à Memramcook et Petitcodiac. On se souvient que les Anglais brûlaient les maisons, lors de leur visites .

           

Malgré la charité apparente de la part de Frye, l’été suivant, il s’empara d’un bon nombre de colons acadiens qu’il avait hébergés et les envoya comme prisonniers à Halifax et au Fort Edward à Pisiguit (Windsor). Il en garda aussi un petit groupe au Fort Beauséjour .

 

(3) LeBlanc, Henri-Paul, Centre des études acadiennes,

Université de Moncton, Moncton, N.-B.

 

(4) LeBlanc, Henri-Paul ( dossier), Centre des études acadiennes

Université de Moncton, Moncton, N.-B.

 

LE CHARIVARI EN ACADIE

 

Vieille de plusieurs siècles, la coutume du charivari se pratiquait dans divers pays européens. En France, d’où elle nous est parvenue, elle était si bien enracinée dans les moeurs régionales qu’elle défiait et les autorités religieuses et les autorités civiles. Plus que toute autre, cette coutume appartenait à la collectivité et personne d’autre n’y avait droit de regard .

 

      En quoi consiste au juste le charivari ? C’est une activité qui vise à sanctionner à l’aide de bruits discordants les individus ayant négligé les conventions sociales de leur milieu. Mais dans le contexte traditionnel acadien, le charivari sert de sanction surtout lors de mariages. Et les raisons en sont multiples : remariage trop hâtif, mariage de personnes originales ou antipathiques au village, union de gens "qui se croient ", absence de noces, ou, s’il y a noces, sélection dans les invitations ou refus de laisser danser .Autant de violations qui invitent au charivari. de toute cette liste, l’absence de noces est sûrement le principal motif invoqué pour déclencher un charivari. Et pour cause. Dans nombre de paroisses autrefois, le curé ne permettait la danse que lors de mariage. Enlever aux jeunes ce divertissement devient facilement une provocation. De façon générale, on passe aux actes dès le premier soir du mariage sous l’oeil approbateur de ceux qui n’y participent même pas : "I faisont ben, qui fessiont "disait une bonne vieille de Kent en parlant des jeunes hommes qui jouaient un charivari dans le village.1

 

      Le plus souvent, ce sont les hommes qui s’adonnent à ces tapageuses remontrances, les femmes de l’époque étant trop occupées ou ne se permettant pas ce genre d’amusement ou de sanction pour le moins bruyant. Mais lorsque la manifestation prend l’allure d’un rassemblement de village, là tous se sentent le droit d’y participer : jeunes filles, jeunes hommes, gens d’âge mûr, enfants. Une informatrice, qui raconte son propre charivari des années 20, précise que tout le monde de quatre à soixante-quinze ans étaient présents, le vieux de soixante-quinze s’improvisant le chef du groupe .2

 

(1) Coll, L. Léger, enreg. 1196, CFA

(2) Coll. L. Léger, enreg. 743, CEA

 

Cette manifestation collective qu’est le charivari nécessite un chef pour éviter que tout dégénère en bataille ou en massacre de propriété. A l’heure et au lieu indiqués, les participants arrivent avec les instruments susceptibles de faire le plus de bruit possible : chaudrons, casseroles, "borgos scies rondes, cloches à vaches, fusils. D’anciens joueurs de charivaris affirment qu’il n’était pas possible de trouver une seule vache avec sa cloche au cou le lendemain matin ... Avec toute cette feraille, on s’installe dans le chemin du roi, en face de la maison où habitent les mariés, puisque là il n’y a pas atteinte ;a la propriété privée. On peut donc y faire un vacarme d’enfer et bouleverser sans pitié la première nuit de noces des nouveaux époux.

 

      Pour faire cesser le charivari, le marié sait fort bien qu’il doit sortir s’arranger ; plus il tarde, plus les tapageurs deviennent exigeants et déterminés à continuer le temps qu’il faut. Si l’époux se fait accommodant dès le premier soir en offrant soit une somme d’argent, une bouteille de "fort", ou la promesse d’une soirée, tout finit là ; mais s’il s’entête, les bruiteurs s’entêtent aussi et la sérénade peut durer quatre, cinq, huit soirs. A Notre- Dame de Kent, on a battu tous les records avec une durée de vingt-neuf soirs faisant trève de minuit le samedi jusqu’au lundi.3

 

On peut aussi choisir de terminer le charivari au bout de huit jours en organisant un cortège funèbre pour ensuite brûler en effigie ou jeter à la rivière le mannequin, symbole du mari têtu.

 

De son côté, le couple peut décider de faire intervenir la loi. Il apprend alors à ses dépens que les policiers préfèrent ne pas se mêler à ces manifestations de droit populaire, mais conseillent plutôt d’offrir une traite ou de s’arranger d’une quelconque façon. Le recours aux procédés légaux semble plutôt rare en Acadie. Il est intéressant de noter qu’en 1951 la région de Memramcook a connu un cas de charivari assez mouvementé avec intervention des policiers et accusations. L’Évangeline de l’époque4. Précise que ces accusations ont cependant été retirées parce que l’agent de sécurité n ”a pu identifier les accusés .

 

(3) Coll. L. Léger, enreg. 287, CEA

(4) L’Évangeline, 22 septembre 1951, p. 5.

 

      Cet âge d’or qu’a connu la coutume du charivari est bien terminé. Depuis plus de cinquante ans, nulle part en Acadie on entend le bruit des chaudrons et des casseroles lors de mariages. Nulle part sauf ..... à Memramcook. Encore aujourd’hui, malheur aux couples qui optent pour un mariage privé ! Jeunes et moins jeunes se chargent de leur rappeler que les choses ne se passent pas ainsi dans la Vallée, Charivaris à Pré–d’en–Haut en 1972, à Saint-Joseph en 1974 et 1978, à Memramcook-est en 1989 : autant de preuves qu’on tient à cette réjouissance collective qu’est la noce. Et à cause de cela, les gens de Memrancook ne se décident pas de laisser mourir une coutume vieille de quelques siècles .

 

      Lauraine Léger

Université de Moncton

 

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La fête du Patrimoine                                                            Les Acadiens

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Nos ancêtres étaient des Acadiens                              Les Acadiens

Nous sommes des Acadiens                                                   Étaient bien des témoins

Ils nous ont laissé de traditions                                    Et la Mère Marie

Et nos grands-parents les font                                     Était patronne dans leur vie

Ils nous ont laissé une langue                                                   Ils souriaient beaucoup

Et nous la parlons, notre langue                                               Et chantaient partout

Et nous faisons des fêtes                                                         C’était une belle vie

Pour nos ancêtres.                                                                  Qu’ils nous ont transmise.

 

Marc Belliveau                                                Jacquelin Bertrand

6e année – École Pré-d’en-Haut                                  4e année École Pré-d’en-Haut

                                  

 

SONDAGE AU BUREAU TOURISTIQUE D’AULAC, NOUVEAU-BRUNSWICK PAR MARC ANDRÉ LEBLANC

 

Le but de cette étude est de savoir si la Pointe de Beaumont située aux confluents des fleuves Petitcodiac et Memramcook. posséde le potentiel économique pour devenir un parc historique.

 

Nous allons démontrer à l’aide de statistiques que le projet est viable. Un tel projet, à cause de son contexte historique et la beauté naturelle des lieux, serait surement une attraction touristique ou l’on pourrait montrer la culture et la survivance des Acadiens et des autochtones. L’étude a commencé le 13 juin 1990 et s’est terminée le 23 août 1990.

 

Nous avons commencé par la formation du problème : Nous voulons savoir s’il existait un potentiel quelconque d’avoir un parc historique établi à Beaumont, situé entre les fleuves de Memramcook et Petitcodiac. La première étape était de faire des recherches parce que nous n’avions pas beaucoup de renseignements à se sujet .

 

Nous avons consulté les gens de la région et nous avons préparé un questionnaire. Après cela, nous avons fait un sondage au bureau touristique à Aulac, Nouveau-Brunswick pendant deux semaines .

 

Les nombreux touristes venant de tous les coins des États-Unis et du Canada nous ont fourni les renseignement nécessaires ou il nous a fallu corriger les erreurs, analyser les données et interpréter l ”information obtenue. Enfin, nous avons préparé un rapport pour démontrer les résultats finals.

 

Il a été démontré qu’il existe un marché potentiel pour l’établissement d’un parc historique à Beaumont. Les touristes étaient d’accord avec le projet mais il faut tenir compte que la plupart d’entre eux iraient visiter le parc que s’il leur restait du temps à leur itinéraire préparé à l’avance. Par contre, si nous disposons d’un bon plan de Marketing, les touristes pourraient planifier leurs vacances en prévision d’une visite dans la région.

 

Le graphique ci-dessus illustre que 82% des gens entrevués étaient en faveur de visiter la région. Tandis que 12% ont répondu négativement à la question et 6% n’ont pas répondu.

 

Ce graphique illustre la distribution par provinces canadiennes en comparant avec les États-Unis.

 

L’établissement d’une Chambre de Commerce à Memramcook joueraient un rôle important en ce qui a trait au développement de l’établissement de l ‘économie et du tourisme dans la région, notamment la création d’un parc historique à Beaumont en y incorporant l’ancienne réserve de Fort Folly et un centre d’interprétation des carriéres et des aboiteaux. En plus, la route Fundy pourrait passer par Pré – d’en -Haut et faire le tour de la pointe rocheuse de Beaumont où l’on a une vue magnifique de la Baie de Shepoudie .

 

Au plan culturel, l’institut de Memramcook et le Monument Lefebvre pourraient jouer un plus grand rôle au niveau de la francophonie. La société historique quant à elle, verrait à la promotion de l’histoire locale en veillant à le patrimoine soit bien gardé comme la sauvegarde de l’école de McGinley ., la seule en son genre qui existe dans les environs, et la création d’un musée local. Enfin, un monument serait ériger à la Pointe à Bouleau où était située la première église Acadienne de la région .

 

Les trois paroisses de la Vallée de Memramcook devraient former un comité de planification pour mener à bien tous ces projets qui auraient des retombées économiques et qui à long termes, seraient une source de nouveaux emplois.

 

En terminant nous aimerions de remercier le Ministre du Travail pour le projet étudiant Jeunesse au Travail. Monsieurs Gilles Pelletier gérant du tourisme pour le sud –est du Nouveau-Brunswick et puis les Professeurs suivants : Gaston LeBlanc et Alfred Bourgeois. Sans l’aide de ces gens, on n’aurait pas pu réaliser notre projet.

 

Au cours de l’été 1992, La Société Historique a l’intention de dévoiler à l’entrée de la Ferme Frankie Gaudet une plaque pour commémorer l’arrivée des premiers colons venus s’établir à Beaumont. Voici le texte qui figurera sur la plaque :

 

PREMIERS COLONS- LES BEAUMONT

 

EN CE LIEU S’ÉTABLIT, EN 1741, UNE FAMILLE DE PORT-ROYAL- JACQUES BONNEVIE DIT “BEAUMONT”, SON ÉPOUSE MARGUERITE LAURE ET LEURS SEPT ENFANTS.

LA MÉRE DONNA ICI NAISSANCE A UNE FILLE ET A UN FILS, PUIS MOURUT EN 1744. EN SECONDES NOCES, LE PERE ÉPOUSA FRANCOISE COMEAU QUI LUI DONNA TROIS AUTRES ENFANTS.

PENDANT LE “GRAND DÉRANGEMENT”, FRANCOISE TROUVA LA MORT. JACQUES SE REMARIA A ANNE MELANCON, ET DÉCÉDA QUELQUES ANNEES PLUS TARD. LES ENFANTS FURENT DISPERSÉS.

C’EST EN RETENANT CE NOM DE BEAUMONT QUE LES ACADIENS RESTÉS OU REVENUS DANS LA RÉGION ONT PERPÉTUÉ LE SOUVENIR DE CETTE FAMILLE FONDATRICE.