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La pêche à l’agate sur la rivière Petitcodiac

On oublie parfois que l’industrie de la pêche contribuait au gagne-pain de plusieurs résidents des villages de la rivière Petitcodiac (Gautreau Village, Pré-d’en-Haut et Belliveau-Village). Ceux-ci faisaient la pêche de l’agate, le nom commun de l’alose et, à l’occasion, captaient également du saumon. Ces pêcheurs se déplaçaient le long des villages du grand Memramcook pour vendre leur produit.

Dans un article intitulé L'HISTOIRE DE PRÉE-D'EN-HAUT le P. William Bourque de la congrégation des maristes, et ancien élève de l'Université Saint-Joseph, soulignait la contribution importante du P. Azarias Massé au dévelopement de la grande région de Pré-d’en-Haut. Le paragraphe suivant relate comment le P. Massé avait aidé les pêcheurs de l’agate dans leur entreprise.

« La plupart des villageois étaient des cultivateurs, mais quelques-uns étaient pêcheurs. Le père Massé fit une étude de leurs divers besoins...La situation lamentable des pêcheurs faisait grandement souffrir leur pasteur. Ils étaient si peu nombreux et si mal organisés qu'ils se trouvaient totalement à la merci des négociants anglophones qui achetaient leurs prises. En 1945, en particulier, ils connurent des moments extrêmement difficiles. Six d'entre eux disposaient d'une très grande quantité de poissons qu'ils ne pouvaient vendre qu'à perte. Il s'agissait surtout d'alose de la Petitcodiac, poisson très prisé que certains préfèrent même au homard. Pourquoi ne pas le mettre en conserve comme le homard? Le Père Massé examina les possibilités. Il se rendit plusieurs fois à Shédiac, à 20 milles plus loin, et il y posa de nombreuses questions. Puis, il organisa les hommes dans un genre de coopérative, loua un petit immeuble, emprunta l'équipement voulu et se mit au travail. Le résultat? Un profit net de 30,000$ pour les six hommes et une provision de trois ans de cette délicieuse alose en conserve pour le Père Massé. »

La méthode pour pêcher l’agate

Dans L’Album Souvenir des Noces d’Argent de la Société Saint-Jean-Baptiste du Collège Saint-Joseph se trouve une description de la méthode que les pêcheurs utilisaient pour pêcher l’agate.

« La rivière Petitcodiac tire son importance de la navigation et de la pêche. Dans les mois de juillet, août et septembre, elle est d'une grande ressource pour les riverains. L'agate ou alose y abonde; il va aussi un peu de saumon. La manière dont se fait la pêche à l'agate mérite d'être rapportée ici. Voici le mode qu'on emploie pour cela, tel qu'enseigné autrefois aux Acadiens par un de leur curé, M. F. Gauvreau.

Avant tout, les pêcheurs se munissent de seines, longues de 800, 1000, et quelquefois 1200 brasses; larges de 7 à 8 pieds. Toutes les mailles sont rattachées à deux petits cables, ou grosses cordes, une de chaque côté : des plombs d'un pouce de diamètre sont assujettis à l'un de ces câbles, et à l'autre des boules de bois ou bottées, grosses comme le poing. A marée haute les pêcheurs s'avancent en pleine rivière sur des chaloupes; tournent le dos à sa source, tiennent graduellement à l'eau leur filets, qui se tiennent verticalement, et s'étendent en décrivant une une ligne droite parallèle aux rivages.

Quand toute sa seine est déployée, ils l'assujettissent solidement à l'embarcation, et suivent tranquillement le courant tant que la marée porte : ils pénètrent ainsi quelquefois bien avant dans la baie. Ces sortes de seines n'enveloppent pas leur proie comme font les nôtres: le poisson n'y prend pas librement ses ébats, mais, tenant à forcer les mailles, il s'y empêtre, ouvre ses ouïes en se débattant ; et les efforts qu'il fait pour recouvrer sa liberté, n'aboutissent qu'à l'enlacer d'avantage et à lui faire trouver plus promptement la mort.

Aussitôt que la mer ne prête plus, les pêcheurs arrêtent leur barque, jettent l’ancre, s'ils peuvent toucher fond, retirent leurs filets, décrochent la proie à mesure qu'elle se présente, font volte face ; et, à marée remontante, ils déploient de nouveau leurs veines, les lancent devant eux comme au début, et remontent le fleuve, poussés par les eaux qui se gonflent ; puis, enfin. quand la marée s'arrête, ils retirent de nouveau leurs filets, exécutant la même manoeuvre que la première fois, et la pêche e›t finie pour ce jour-là. »