Mot de la présidente
Cahiers Disponibles/Coupon cotisation
Le Coin des Échanges
Lettres à l'évèque de Québec
La Sage-Femme
Les Sages-Femmes à Memramcook
Éloi et Laura à Protais LeBlanc
Marie Léger
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MOT DE LA PRÉSIDENTE
Bonjour!
Une année fiscale se termine et une autre commence. Avec ce Cahier nous vous faisons parvenir votre Avis de Cotisation, Avis de Convocation à l'Assemblée Annuelle de La Société Historique suivie du Banquet Annuel ainsi que la proposition de changements aux Statuts & Règlement de la Société. En retour, nous espérons recevoir vos cotisations dans le plus bref délai ainsi que vous voir à la réunion.
Nous prévoyons présenter notre exposition de photos anciennes sur les sports dans la Vallée encore cet été. La collecte de photos a tellement été un succès l'année dernière, que nous nous devons de les exposer. Nous tenons à remercier sincèrement tous les gens qui nous ont fait parvenir les photos et autres souvenirs précieux que nous aurons en exposition.
Encore une fois notre vice-présidente et trésorière, Mme Anita Boudreau, a fait un effort magistral pour la préparation de cette exposition ainsi que l'inventaire de tous ces photos et objets, et nous lui en sommes très reconnaissants.
En ce qui concerne le local de l'exposition pour cette année, nous espérons que nous aurons encore l'usage de l'ancien édifice municipal de Memramcook. Si non, nous vous aviserons du changement de local.
Changement de sujet: la majorité des adresses du Sud-Est du Nouveau-Brunswick ont été changées. Si vous ne nous avez pas encore fait parvenir la vôtre (s'il y a lieu), veuillez le faire aussitôt que possible. La nouvelle adresse de la Société est la suivante: 612, rue Centrale, Memramcook, NB E4K 3S7.
En espérant de vous voir à l'Assemblée annuelle, je demeure votre toute dévouée,
Patricia Utley
Présidente
CAHIERS DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE
DE LA VALLÉE DE MEMRAMCOOK INC. ENCORE DISPONIBLES
Vol. 1, No 1, 2; Vol. 2, No 1, 2; Vol. 3, No 2; Vol. 4, No 1; Vol. 5, No 1, 2; Vol. 6, No 1, 2, 3; Vol. 7, No 1, 2, 3; Vol. 8, No 1, 2, 3; Vol. 9, No 1, 2, 3; Vol. 10, No 1, 2, 3
Les copies des volumes 1 à 6 No 2 disponibles se vendent à 3$ chacune. Les copies des volumes 6 No 3 à 10 No 3 se vendent à 5$ chacune.
COUPON COTISATION-CADEAU
Veuillez faire parvenir aux personnes dont le nom suit, la carte de membre d'un an et les Cahiers de la Société Historique de la Vallée de Memramcook Inc. pour l'année en cours.
Cadeau(x) à:
Ci-joint, veuillez trouver la somme de $ pour cotisation.
Signé:
Tarif:
Régulier 15,00$ (Can.) 20,00$ (U.S.)
Étudiant 5,00$ (Can.) 10,00$ (U.S.)
Membre à vie 300,00$
Institution ou organismes 30,00$ (Can.) 35,00$ (U.S.)
COIN DES ÉCHANGES
Nos échanges pour ce numéro sont les suivants:
Bulletin du Conseil de la langue française, Vol. 15, No 3, Novembre 1999
Franc-Contact, Bulletin d'information du Conseil de la vie française en Amérique, Vol. 7, No 4, Hiver 1999
La Société historique acadienne, Vol 30, No 4, Décembre 1999
American-Canadian Genealogist, Issue 82, Vol 25, No 4, 1999; Issue 83, Vol 26, No 1, 2000
Bulletin Société Historique Machault Inc., Vol 2, No 2, Hiver 2000
La Revue d'histoire de la Société Historique Nicolas-Denys, Vol XXVII, No 3, Sep-dec 1999 (Mes souvenirs de la guerre 1939-1945 par Alphonse Noël)
Bulletin de la Société historique du Comté de Restigouche, Vol 18, No 1 Mars 2000
Lettres à l'évêque de Québec
début XIXe siècle (Suite)
Richibouctou 25 août 1803
Monseigneur,
Vous deves déjà avoir appris par ma dernière du 14 juin que je n'avais pas réussi pour vos projets et les miens dans mon voyage de Caraquet, et qu'après avoir vu et entre dans la terre promise il m'en fallu aussitôt sortir, quitter le cher Caraquet sans espérance de le revoir.
Pour aller voir et demeurer dans la babylone, prostituée: c'est ainsi que la renommée faisait et appelait Memramkouk. Jusque là résigné et déterminé à tout je le fis sans peine. Mais depuis par des circonstances et des revers que vous n'avies sans doute pas prévus, ni moi non plus, j'ai bien eu des peines et éprouvé des disgraces qui m'ont fait souvent penser que vous aviez mis mon obéissance non à une douce mais à une rude épreuve, et même quelquefois dire, quoique sans raison, mais telle est ma faible vertu qu'un rien déconcerte, et mon peu de résignation, ce que disait de lui avec raison le grand apôtre: supra modum graviti sumus, ita ut toederetnon etiam vivere. NON PAS QUE JE VOULUSSE ME PLAINDRE DE MON SORT? CAR JE SCAI BIEN que je n'en mérite pas de meilleur ni de plus heureux, ni que je fusse tenté de vous désobéir, car grâce à Dieu je ne l'ai jamais été et j'espère bien ne l'être jamais. Mais c'est que la nature souffrante et contredite arrache bien souvent des plantes et des murmures qu'on désavoue et dont on se reprend ensuite. On voudrait tout souffrir avec patience, se résigner, se soumettre à tout pour Dieu et en vue de Dieu parce qu'on sent qu'on le doit, mais cette misère (nature) se plaint, murmure, ne le veut pas, et quelquefois dimine et prend le dessus. Ainsi se fait en soi un combat violent ou l'on ne succombe que trop souvent. Telle est ma situation. Je ne faits pas toujours comme je veux et par conséquent comme je dois. Mais vous seres toujours obéi parce que je vous ai voué une obéissance aveugle qui ne scait répliquer.
Si j'ai eu des peines et des traverses, ce n'est pas à cause que j'ai été obligé d'accepter la mission de Memramkouk. Je m'y attendais et j'y étais déterminé d'avance comme je l'ai mandé dans le temps à votre grandeur. Elle n'avait rien qui me répugnât. Et en quelque mauvais état qu'elle fut. Peut-être même m'aurait-elle mieux plu et convenu que tout autre parce qu'il y avait plus de bien à faire: et serais-je maintenant content et tranquille là comme ailleurs sans la rencontre de Mr Power à laquelle je ne devais pas m'attendre et pour qui je n'avais aucun titre ni lettre à présenter, la mienne venant de vous. Je l'ai fait, mais elle n'était pas assez précise ni assez absolue pour un homme qui ne parait vouloir se soumettre qu'à ce qui sera de son goût et conforme à ses idées. Et quoique l'avant trouvée asses bonne il n'y a pas fait grande attention. Vous savez qu'il y a 8 ans, en 1795, il m'interdit jusqu'à prétendre qu'un mariage que j'avais fait était nul quoique hord de ghez lui. Et si cette fois ci il n'a pas fait autant c'est qu'il n'a pas tout à fait osé ou qu'il ne me voyait pas disposé à l'écouter. Il l'a presque fait pour les services, ou du moins montré de la jalousie, car pour un seul que j'ai dit pour Mr Leroux il a sçu dire à ceux qui en sont chargés de ne pas me les donner tous, d'en garder pour lui. Depuis environ dix ans que Mr Leroux est mort, il en reste encore un certain nombre qu'il n'a pu acquitter, ne disant presque jamais la messe, ni voulu laisser donner à d'autres prêtres. Il les fait payer deux piastres, garde tout pour lui et n'a jamais rien donné à I 'église qui fournit tout, ni aux chantres. Vous penses bien que je ne suivrai pas cet usage que je trouve pas juste. Mais il m'a bien interdit pour les mariages ou plutôt prétendu que je l'étais, ce qu'il a dit non devant moi, mais devant des habitans, que je n'avais aucun pouvoir pour cela ni même dans l'endroit sans son consentement. Et il disait cela dans le moment qu'il s'agissait de faire un mariage, qu'il a fait le 7 du présent mois, jour de dimanche le soir après vepres, sans aucune raison valable et sans m'en avoir parlé dans le temps que j'étais occupé à confesser à l'église. Il le fit dans sa maison, sans surplis, je ne scia du reste, jour où il n'avait point été à l'église. Ni pour dire ni pour entendre la sainte messe. Il disait aux parties que lui seul pouvait faire le mariage, que quand même je le ferais, ce ne serait qu'à lui qu'il faudrait donner l'argent, et les fit payer devance ainsi que pour la dispense de parenté. Je m'apperçu de quelque chose mais je laissai tout faire sans rien dire. La chose m'a paru surprenante et je n'aurais jamais pu faire autant. On dit que cet usage est sa coutume. Elle ne sera pas la mienne. Quelque temps après étant rentré ches lui je le trouvai couché, et ayant parti le lendemain matin pour Richibouctou je ne lui parlai de rien pour en parler à Mgr. Mais voici ma narration depuis l'époque de ma dernière lettre de ches Mr Bédard ce bon ami.
Étant parti avec lui pour Memramkouk, j'y arrivai le 17 juin, je vous laisse à penser quel fut mon annonce avec Mr Power. Surprenante pour l'un et pour elle ne fut pas des plus agréable. En arrivant il me prit une peine d'esprit et un ennui insupportable à peu près semblable à celui que j'avais éprouvé autrefois au détroit parce que ma situation en approchait, ce qui me dura trois ou quatre jours, c'est à dire jusqu'a ce que je partis pour Menoudie, et depuis j'ai eu plus de résolution de ce résignation, et je n'ai éprouvé que peu ou point d'ennui. Mais souvent il fallait me contraindre et me faire violence. J'ai demeuré dans cet endroit environ trois semaines pour faire la mission, et grâce aux soins et au zèle de Mr Bédard je ne l'ai pas trouvé en trop mauvais état, et j'ai été asses content des habitans qui sont généralement pauvres. Il y a dans cet endroit environ 46 habitans, 152 communians, 105 enfans. 112 ont fait leurs pâques. Environ 8 ou 9 que je n'ai pas pu faire venir à confesse ce sont des gens presque sans religion. Une autre fois je serai peut-être plus heureux. Car au lieu de tendres invitations ce sera de fortes menaces. Il y a là des jeunes gens de 20 ans qui n'ont pas fait leur première communion et presque point été à confesse. N'ayant pas pu rester plus longtemps à cause de Mgr j'en partis pour aller en préparer et voir d'autres. Étant revenu à Memramkouk, ou je couchai qu'une nuit, je partis le lendemain matin pour Pecoudiak avec les gens qui étaient déjà partis pour aller me chercher même jusqu'a Menoudi. Mr Bédard n'avait pas travaillé dans cette mission. Aussi c'était bien et c'est encore un champ inculte et abandonné. Je l'ai défriché un peu et autant que j'ai pu pendant trois semaines que j'y ai resté. Vous ne saunes croire l'indifférence pour la religion qui régnait dans cette mission. La perversité et la libertinage étaient parmi la jeunesse surtout. Jusqu'aux petits enfans de huit à dix ans addonnés au vice honteux et instruits dans tout l'art et la malice de ce détestable crime. Des jeunes gens de 15 à 18 ans qui n'avaient jamais été à confesse, c'était le commun, car j'en ai trouvé même de 22 ans qui n'avaient jamais encore été à confesse et qui il fallait user de ruse pour les determiner. L'ivrognerie et le libertinage sont les vices dominans, ainsi que les mauvaises paroles. Parmi les grandes personnes, pères, mères, un très grand nombre n'avait pas été à confesse depuis plusieurs années. Depuis 6, 10 et 15 ans c'était le commun. Le grand nombre a montré asses d'ardeur à venir aux exercices de la mission. Et au lieu de leur malheur ils conservaient encore la foi et le désir de revenir à Dieu et de mieux faire. La confession paraissait leur faire de la peine et la craignaient beaucoup. Cependant une fois déterminés ils y venaient asses volontiers, et presque tous ont demandé d'eux-mêmes à faire des confessions générales. J'ai été assez content d'eux et plusieurs m'ont édifié. Mais vous ne saunes croire combien il a fallu travailler et confesser pour en préparer quelques-uns à faire leurs pâques. Tout le temps que j'y ai été le matin jusqu'à 9 ou 10 heures du soir je n'avais pas un moment de libre. Après un frugal repas je me couchais pour être piqué et mangé par les mouches ainsi que pendant le jour. J'ai regretté de n'avoir pas plus de temps à leur donner. La rivière de Pecoutiak depuis le haut et le bas contient environ 58 familles, 175 communians et 195 enfans. J'ai eu 72 communions en forçant bien. Je ne scai pas encore ce qu'il y a à Memramkouk beaucoup plus nombreux, mais pas en meilleur état. Et quoiqu'on dise Mr Power le grand nombre n'a pas fait ses pâques ni été à confesse. Et ceux-ci comme ceux-là auraient besoin de confessions générales. Malheur pour eux et pour moi que mgr ne les visite point, une autre année, si j'y suis, j'espère qu'ils seront en meilleur état et plus disposés à être confirmés. Je ne crois pas qu'on y en trouvât maintenant la moitié digne de l'être. Je n'y ai travaillé que huit jours. Tout a contribué à me troubler et à me déranger pour travailler comme j'aurais désiré. Les gens ne me paraissent pas aussi méchans qu'on me le disait. J'espererais avec le temps les mettre au niveau des autres missions. Il y a à Memramkouk un vieux petit presbytère occupé par Mr. P. une église mal faite et quoique neuve en asses mauvais état. À Menoudi une vieille et mauvaise chambre où l'on ne peut tenir la chandelle allumée quand il vente. La chapelle encore en plus mauvais état, il y vente et pleut. À Pecoudiak une chapelle commencée seulement. Priez pour celui qui est de votre grandeur avec un profond respect monseigneur, votre t.h.s. Ciquard , ptre .
(suit un long post-scriptum où il parle de ses dispositions intérieures, de sa complète soumission à l'évêque et de son peu de vertu, mais rien concernant Memramkouk.)
N.B. 111 – 37 jmj Mr Ciquard ptre .
Fredericton, 4 juillet 1804
Monseigneur
Je suis arrivé ici aujourd'hui assez bien portant mais bien fatigué de mon long et pénible voyage. Comme le courier est sur le point de partir je me hate de vous écrire taché de ne pouvoir le faire aussi au long que je desirerais et si je ne l'ai pas fait plutot, ce n'est ni par oubli, ni par negligence je pense trop souvent a vous pour cela, mais faute d'occasions. Celles que j'ai trouvées pour ecrire à Mr desjardins, étaient si promptes ou si peu sures que je n'ai pu ou osé écrire en meme temps à votre grandeur ainsi je n'ai pas eu cet honeur depuis le départ d'ici de Mgr de quebec — ce qui n'est pas une petite peine pour moi. Et cela avec quelques autres desagremèns me rend quelques fois chagrin. Je voudrais bien être resigné a tout et out supporter sans peine mais souvent je ne le puis. Il parait que Mr desjardin ne vous a communiqué mes lettres et parle des difficultés que me fait Mr power sur la terre de l'église, quoique je ne l'en eusse point prié — me reservant a le faire moi meme ainsi qu'a Mgr. De quebec, a qui il parait aussi que vous voulez communique ensuite, j'avais cette --- difficulté et bien d'autres depuis a lui faire decider comme aussi lui demander ce que je devais faire et comment je devais m'y prendre pour faire executer ici ses ordres je lui ai ecrit pour cela de Memramkouk il y a plus de deux semaines. Et je compte attendre ici sa reponse ainsi que la votre pour savoir a quoi m'en tenir ainsi je vous prie en grace de me repondre le plus promptement qu'il vous sera possible et de me mander aussi la reponce de mgr. de quebec ici ou cela est plus facile et plus prompt que partout ailleurs. Je ne veux rien faire de moi meme, mais executer ses ordres et faire tout ce que vous me prescrivez autant que je pourrai —j'attends de votre bonté pour moi que vous voudrez bien m'ecrire. Voici a peu pres ce que j'ai mande a mgr. Au sujet de ma mission, et sur quoi je demande vos conseils et avis. Vous savez de quoi il s'agit entre mr power et moi. Je le laisse et l'ai toujours laiss. En attendant dans ses pretenssion. Et j'ai toujours bien recu et accordé avec lui et je suis encore disposé a lui laisser le terrein et a me passer du tout plutot que d'avoir avec lui la moindre chicane je vous fait seulement savoir ce qu'il en est. Assez bien partout l'été, il est parti pour une mission d'ecossais au cap doré je n'ai jamais eu ni veux avoir aucune difficulté avec mes habitans mais leur faire executer autant que je pourrai les ordonnances de sa grandeur – ils par aissent m'aimer et m'estimer assez mais je n'ai encore pu rien faire executer = non à cause d'un refus formel mais a cause de plusieurs difficultes et pretendues raisons qu'ils donnent – je ne conaissait pas les accadiens qu'il est un peu difficile de faire agir et d'accorder, d'ailleurs les choses étaient en si mauvais états qu'il est difficile d'y mettre tout de suite le bon ordre. Peut etre aussi que je m'y prends mal et que j'en suis incapable malgré ma bonne volonté, que n'ai je eu cela un peu de vos lumières. l'eglise de manoudi est interdite et les habitans ordonn.s d'en batir une autre avec un presbitere comme ils n'ont encore rien entrepris de cela je ne puis y retourner qu'apres que Mgr aura parlé et decidé, plusieurs voulaient deja quitter l'endroit et depuis d'autres se proposent la meme chose un peu pour cela et autres choses en attendant rien ne s'y fait disant que c'est trop pour eux &c. La dixme de cet endroit comme celle d'ailleurs se reduit à très peu de chose. J'y ai été au mois de mai et je n'en ai pas apporté un sous. Les gens étant pauvres et rien n'a été rendu les habitans de pecoutiak contre la decision voudraient se separer de Memramkouk etre deservis chez eux et ne rien fournir a l'église ni pour le presbitere pour lequel ils n'ont encore rien donné ce qui fait maintenant la plus grande difficulte avec ceux Memramkouk qui pretendent avoir fourni leur du, ainsi les choses ne sont pas plus avancées ici que là – ils sont bons et plus civilés que ceux de la rivière St-Jean, mais negligent pour payer leur dixme – car je n'ai presque rien encore recu. Et elle sera peu de chose cette année-ci assez de patates mais elles ne se sont point vendus – je ne veux pas par la me plaindre ni vous dire que je suis trop pauvre, accoutumé a me contenter de peu j'aurais toujours assez pour moi pour le necessaire, le tiers de Mr power pretera ce qui me donne beaucoup d'embarras pour le calcul juste et la reddition du comte ou payé ici la plupart des articles par pintes et chopines et les gens accoutumes a ne donner que ce qu'ils voulaient en dixmes n'ont pas encore été reduits a payer justement selon la loi de l'eglise sous pretexte qu'ils payent a leur bourgeois le tiers ou rente sur leurs terres, ils prelevent le tiers ou la valeur avant de donner la dixme et ne payant ensuite que sur les deux autres tiers, Mr bedard pense qu'il doivent payer sur tout et ne pas faire cela — cependant je n'ai pas voulu insister sur cet article avant d'avoir l'avis de Mgr. Mais je voudrais bien s'explicat clairement sur cet article et les autres ainsi que votre grandeur que dois-je faire et a quoi m'en tenir il y en a qui n'ont donné que moitiée de ce qu'ils devaient donner de dixme de patates. Sans egard à moi je voudrais decharger leur conscience et les ranger au devoir mais je ne leur ferai faire que ce qui sera decidé et toujours. Partiter et serviter. Parler et vous serez obei vous ne sauriez croire combien il me tarde de recevoir de vos nouvelles. En donnant et en avancent beaucoup moi meure j'avais projeter de faire faire une autre eglise à Memramkouk car celle qui y est quoique neuve n'est pas alabrit de la pluie ni de la nege, tres froide, mal faite et trop petite mais j'ai suspendu ce projet; a cause des difficultes, et de l'incertitude des terres. Le bois de charpente est presque tout tiré. Je n'ai rien qu'un coté de mon presbitere de fait et encore mal bouché pour le froid. Je le ferai un peu arranger cet automne, a mes fraix si je ne puis faire autrement. Ces difficultés et embarras me peinent et me font quelques fois ennuyer sans cela je serais assez content mais la volonté de dieu soit faite peut etre tout s'arrangera pour sa plus grande gloire. Je n'aurai pas ici autant de sauvages que je ne croyais un grand nombre sont a Madawaskak, je ne scai comment il s'y confesseront permettez que je finisse car le courier attend apres moi. J'aurais cependant encore bien des choses a vous dire, mais au prochain et en attendant je me dis avec un profond respect
Monseigneur
De votre grandeur
Le tres humble serviteur & c. Ciquars ptre.
Fredericton 5 juillet 1804
j'aurai 50 . le 30 du mois prochain ) avez vous enfin obtenu mon passeport et ne suis je plus ou ne serai je plus un exilé
nota bene
P.S.
Mes gens qui sont ici au tiers envers leur bourgeois le trompent et le Fraudent evidemment pretendant que cela ne lui appartient pas que les terres ne sont point a lui &c. Il y en a meme qui lui refusent tous – les choses etant en litige, je n'ai pas jugé à propos encore d'inquieter beaucoup leur confiance à cet agard avant l'entière decision de leurs affaires. Mais cela m'inquiete quelque fois moi meme. Ainsi mander moi je vous prie votre airs et ce que je dois leur dire sur cela. Ils sont a cet egard comme a l'egard de la dixme surtout des patates. Sur la quelle un grand nombre me fraudent, il y en a meure qui n'en on a jamais donné et qui ne payent rien. ou ne peut malgré tout ce qu'on et qu'elle est due comme le reste – ils disent que non, ou si elle est due elle n'est pas due en entier. Si cela etait le pretre mourait de faim car c'est presque tout ce qu'on a ici de considerable
Surtout cette année-ci ou il n'y a presque point de ble, mais c'est une dime bien incommode qui se vent peu et avec peine .
LA SAGE-FEMME
Introduction
Le sujet que je traite est celui de la profession des sages-femmes du début jusqu'à sa disparition . Nous verrons que les sages-femmes ont perdu leur place progressivement dans la société. Les causes en sont diverses. Ce travail vise à faire une analyse de ces facteurs. Nous verrons qu'il n'y a pas de preuves de l'élimination du métier de sages-femmes par hasards historiques. Ce sont plutôt des choix idéologiques de la part de divers constituants de la société. À cet égard, nous regardons les phénomènes majeurs des temps modernes qui ont été les composantes les plus visibles.
C'est premièrement avec l'industrialisation que nous avons vu apparaître les progrès rapides des connaissances scientifiques. En conséquence, nous avons créé des innovations technologiques et médicales qui changeront de façon importante le rôle de l'hôpital et des soins médicaux dans cette nouvelle société industrielle. Les soins de santé seront alors dispensés par une multitude de spécialistes où la professionnalisation sera importante. De plus, l'inauguration de plans d'assurance médicale a permis l'accès aux soins professionnels à toute la société.
Face à ces changements dans la disponibilité et la qualité des soins de santé, il y a eu une concurrence entre les professionnels de la santé et les sages-femmes. Cette concurrence était à part inégale. Le métier de sage-femme va s'éliminer de soi.
Une nouvelle conception de l'accouchement où l'on traite comme phénomène médical alors qu'il n'avait été vu que comme phénomène naturel représente une évolution des mentalités contemporaines. Ce sont des choix de civilisations que l'on a vu s'affirmer.
L "industrialisation, ce passage d'une société traditionnelle où les liens communautaires sont très étroits à une société industrielle où les rapports marchants prédominent, a transformé la société. Les populations rurales se déversent vers les villes. La division du travail dans la famille subit les contrecoups de cette transformation: en villes les femmes ne peuvent plus collaborer à la production tout en restant à la maison. La professionnalisation des soins et services sanitaires s'est faite selon le processus suivant: des conditions démographiques et économiques favorables ont d'abord permis qu'un marché soit créé dans le secteur de la santé où des producteurs échangent leurs services contre rémunération. Ce marché nouveau a attiré un grand nombre de producteur de compétences diverses offrant des produits de qualité inégale. La concurrence qui en a résulté a favorisé chez les professionnels médicaux la prise de
conscience de leurs intérêts. Ces groupes ont fait campagne pour établir leur crédibilité et gagner la confiance du public et obtenir les soutiens institutionnels qui leur ont éventuellement permis d'être reconnus comme les seuls producteurs légitimes des soins médicaux. Dans toute cette évolution, le métier de sage-femme a diminué d'importance aux yeux de la société. D'aucune façon ne pouvait-elle faire compétition avec ces groupes et rivaliser leur crédibilité.
De nos jours, on naît et on meurt à l'hôpital et entre ces deux étapes, on fait carrière comme "usager" des services de santé. La professionnalisation des services de santé est un processus qui a amené le transfert de la responsabilité des soins des individus aux professionnels de la santé. Le plus souvent ces soins sont donnés dans des institutions: hôpitaux et cliniques. Le marché s'est créé. Les services sanitaires deviennent des marchandises, des produits de consommation. Il a fallu établir la crédibilité, faire accepter les services comme les seuls valables. Le client a été convaincu de confier ses besoins à des experts qui l'évaluent, le conseillent, le soignent, le réhabilitent. Ce mouvement a été facilité par l'urbanisation de notre société et par la tertiarisation de l'économie. L'urbanisation a apporté des mutations profondes au plan des valeurs, des structures familiales et des relations sociales en général.
Il va donc de soi que la femme va accoucher à l'hôpital. En Amérique du Nord, la société considère que les accouchements pratiqués à l'hôpital par des médecins sont plus sûrs. La société en général adopte cette nouvelle conception de la naissance. Les services de la sage-femme deviennent non nécessaires. On fait d'abord confiance aux connaissances des experts. "La matrone", "la mère tire-monde", était accoucheuse. Elle était surtout l'expression d'une culture, qui a disparu avec elle. Et les passages de la matrone à la sage-femme, puis de la sage-femme à l'accoucheur ne peuvent être envisagés seulement comme des phases d'un progrès médical: Ils sont le signe de mutations culturelles." (1)
Déclaration d'une Madame Monette: "J'ai trouvé ça plus facile à l'hôpital parce que c'était moins compliqué. Premièrement, avec des petites mousses dans la journée, c'était sur mon lit tout le temps. C'était pas un repos." (2)
Il est certain qu'à la maison la femme qui venait d'accoucher pouvait difficilement se reposer et recevoir les soins requis pour elle et pour son bébé. L'hôpital devient la solution toute trouvée à ce problème.
Les familles acceptaient les frais accrus d'hospitalisation et ce jusqu'à l'implantation de l'assurance-maladie.
La concurrence entre les professionnels de la santé et les sages-femmes date de plusieurs siècles. On parlait plutôt d'une lutte des classes et une guerre des sexes. Ceci se passait entre la profession médicale et les femmes du peuple. La profession médicale bénéficiait de la protection de l'Église, de l'État puis directement des entreprises capitalistes. "Nous avons découvert à peu près ceci: l'élimination des femmes dans le domaine de la santé et l'hégémonie des professionnels ne correspondent pas à un processus "normal". Ces deux phénomènes ne sont pas plus qu'ils ne sont le résultat d'une incapacité des femmes à accomplir un tel travail. Ils furent les conséquences d'une lutte. Et ce n'est pas la science qui a permis aux professionnels de nous vaincre: la phase critique de cette bataille a eu lieu bien avant le développement de la technologie scientifique moderne."(3)
Cette bataille fut alors une bataille sexiste et politique où l'établissement médical mâle mettait les femmes au rancart. Il y avait donc une guerre des sexes. "Le statut des femmes guérisseuses a suivi l'évolution du statut de la femme en général". (4) C'est donc non seulement aux guérisseurs qu'on s'attaquait mais aux femmes. Et quand les femmes devaient réagir à ces attaques, elles le faisaient au nom de toutes les femmes.
L'image traditionnelle de femmes était celle de sorcière. On disait qu'elles étaient de femmes méchantes, athées, "possédées du diable", ignorantes, sales, superstitieuses, etc. On va donc les brûler et torturer au nom de la Science avec la bénédiction de l'Église et de l'État. L'Église pensait attaquer la magie et non la médecine. L'Église se sentait menacée par cette magie car on croyait que le démon avait un vrai pouvoir sur terre. Le traitement "magique" interférait donc avec la volonté de Dieu.
Ceci marquera le début de la lutte des hommes contre les femmes en tant que travailleuses de la santé. "De pair avec cette persécution des sorcières apparut une nouvelle profession médicale mâle sous la protection et avec l'appui de la classe dirigeante."(5)
On voyait aussi qu'il y avait une lutte des classes de sexe. Les femmes qui eurent le rôle de médecin du peuple utilisaient la médecine qui était à l'origine de la culture de ce peuple. Cette pratique médicale de femmes est devenue ce qu'elle est à cause du développement au sein des mouvement de contestation populaire contre les autorités en place.
Les professionnels ont toujours servi la classe dirigeante politique et médicale alors ils avaient l'appui des universités, entreprises philantropiques et la loi. "Les professionnels de la santé doivent leur victoire non pas tant à leurs propres efforts mais bien à l'intervention de la classe dirigeante qu'ils servaient."(6)
La médecine devint alors établie une fois pour tout dans la classe dirigeante mais par les connaissances scientifiques du 20e siècle. En effet, la médecine était le métier de l'homme blanc de classe moyenne. La médecine était maintenant devenue plus qu'un métier mais une profession. Avec la science et les progrès, les obstétriques lancent des attaques contre les sages-femmes pour les mettre hors-la-loi au nom de la Science et du progrès. Même si la plupart des obstétriciens américains sont considérés moins compétents selon l'étude de John Hopkins en 1912. Ceux-ci mettaient la vie en danger de la mère et celle de l'enfant en utilisant des procédés chirurgicaux durant l'accouchement.
D'ailleurs, ils ne s'occupaient pas de la prévention des infections puerpuérales et de l'ophtalmie. "S'il fallait donner le monopole de l'obstétrique à quelqu'un, il revenait donc plutôt aux sages-femmes qu'aux docteurs en médecine." (7)
Mais ce fut les médecins qui le remportent car c'est eux qui ont le pouvoir et non les sages-femmes. Ansi avec les pressions qui existaient dans l'ensemble médical, les États passèrent des lois qui empêcheraient la pratique de l'obstétrique aux sages-femmes. Il y a eu une étude faite sur les taux de mortalité infantile à Washington dans les années qui suivirent le début de ces nouvelles lois. Ça nous a démontré que les taux de mortalité ont augmenté. "Pour la nouvelle profession médicale, cette loi signifiait de la concurrence en moins. Les femmes avaient finalement perdu du pied en tant que praticiennes indépendantes." (8)
Médicalisation signifie "rendre médical". Ce terme entre dans les écrits de sciences sociales. Il s'agit de traiter un problème non médical comme s'il l'était. "Alors que les sages-femmes considèrent l'accouchement comme un phénomène créatif naturel, la profession médicale tend à la traiter comme une pathologie ou une maladie et préconise de plus en plus l'accouchement à l'hôpital avec l'aide des méthodes d'intervention médicales les plus modernes." (9)
Comme ce travail est centré sur le métier de sages-femmes et son élimination, nous ne discuterons pas des déviances médicalisées comme la folie, l'alcoolisme, l'homosexualité, la dépendance aux opiacés, etc.
Le concept de la médicalisation subit des critiques où l'on reproche l'exagération de l'étendue de cette médicalisation. Les facteurs sociaux tels que le recul de la religion, une foi dans la science, le progrès, la prépondérance accrue de la profession médicale, une tendance humanitaire généralisée expliquent en partie la croissance et le contrôle social de la médicalisation au 20e siècle.
L'accouchement a toujours été vu comme un événement spécial, important, attendu avec espoir, joie, tout en donnant aussi un élément d'inconnu et peut-être de crainte. La femme accouchait chez elle. C'était un événement familial. La sage-femme y jouait le rôle important de conseillère, de soigneuse et d'experte. Tout se passait dans la normalité. L'individualisme était très valorisé. Les sages-femmes ou sorcières ont utilisé des plantes diverses médecinales comme remèdes. Elles étaient mises en essai pendant plusieurs années. De ces plantes utilisées à cette époque, on aperçoit qu'elles sont encore figurées parmi la pharmacopée moderne: agents anti-inflammatoires, analgésiques, médicaments facilitant la digestion.
Pour soulager les douleurs de l'accouchement, les sages-femmes utilisaient l'ergot à une époque où l'Église pensait que ces douleurs étaient le juste châtiment de Dieu pour le péché originel d'Ève.
La médicalisation a atteint un contrôle social amenant la presque totalité de la société à désirer que la mère donne naissance à son bébé en clinique ou à l'hôpital. C'est une nouvelle conception. La foi dans la science médicale, même si on lui reproche souvent des excès ou des lacunes, a prévalu. Le métier de sage-femme au logis est éliminé.
Conclusion
Le métier de sage-femme ne sera jamais ce qu'il a été. Il pourrait regagner un pied, car soit à travers leur organisation, en suivant les cours prescrits pour atteindre les compétences requisses à l'obtention d'un diplôme, l'acceptation ou la tolérance de la part de la profession médicale, la rémunération des services par les plans d'assurance, tous ces facteurs peuvent nous permettre d'imaginer un certain regain.
L'attitude sexiste a soutenu une hiérarchie médicale à majorité mâle. Avec l'émancipation des femmes, peut-être, atteindrons-nous un jour ce niveau d'égalité. Qui sait? Les progrès constants dans la reconnaissance des qualités réelles de la femme, son affirmation dans tous les métiers et professions, sa détermination a joué le rôle qui convient à sa moitié de l'humanité. Tous ces points permettent d'espérer sans atteindre l'utopie que dans le métier de sage-femme on pourrait voir surgir une nouvelle phase où ce métier deviendrait profession tout comme celle des autres spécialités dans le domaine des soins de santé.
Nous avons vu les principales causes d'élimination: industrialisation, institutionnalisation, médicalisation, nouvelles idéologies sociales. Il n'y a pas à revenir dans le passé. Combien d'institutions anciennes ont disparu! Tout n'est pas nécessairement progrès indéniable, mais tout a été un changement galopant.
Je résume en disant que les services rendus à la société par les sages-femmes à travers les âges n'auraient pas pu être remplacés avant notre époque.
Rachelle Gaudet
Notes:
Gélis, J., "La Sage-femme ou le médecin, Librairie Arthème Fayard, Paris, p. 490.
Dufresne, J., Dumont, F., & Martin, Y. (Eds), p. 339.
Ehrenreich, B., English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 7-8.
Ehrenreich, B. English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 8.
Ehrenreich, B., English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 10.
Ehrenreich, B., English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 9.
Ehrenreich, B., English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 58.
Ehrenreich, B., English, D.: Sorcières, sages-femmes et infirmières, p. 59.
Baker, M., Les Sages-femmes: un nouveau statut, p.1.
LES SAGES-FEMMES A MEMRAMCOOK
Dans un territoire aussi étendu que l'est Memramcook, il est évident que la population a bénéficié du métier de sages-femmes depuis sa fondation. Non seulement les sages-femmes offraient-elles leurs services à la naissance d'un bébé, mais dans la majorité des cas ces femmes prenaient soin de la mère et du bébé pendant plusieurs jours.
Nous avons été chanceux d'avoir des médecins résidents très tôt à Memramcook; il y eut les Docteurs Alfred et Édouard Gaudet, et à partir de 1920 le Dr Camille Gaudet.
Cependant la pratique des sages-femmes a continué jusqu'au milieu du 20e siècle alors que les femmes se rendirent à l'hôpital pour l'accouchement.
Voici les noms de nombreuses sages-femmes de Memramcook:
Mme Annie Auffrey Cormier (Ernest)
Mme Delphine Gautreau
Mme Régina Cormier Dupuis (Tanis Dupuis), connue sous le nom de "La Grand Régina
Mme Marie Léger Bourgeois (Hector Bourgeois)
Mme Ida Belliveau Boudreau (Alfred Boudreau)
Mme Évéline LeBlanc Bourgeois (Eddie)
Mme Sara Cormier LeBlanc (Edmond)
Mme Rosanne LeBlanc Bourque (Zoël)
Mme Justine LeBlanc Dupuis (Abner)
Mme Lina LeBlanc (Sévère)
Mme Céline LeBlanc (Dominique)
Mme Zelma LeBlanc
Mme Elizabeth Boudreau Breau (Vital)
Mme Elizabeth Powell (La Nurse Powell)
Mme Léda Richard LeBlanc (Gerry)
Mme Agathe Boudreau Gautreau (Adélard)
Éloi et Laura à Protais LeBlanc
RÉTROSPECTIVE
Qui n'a pas connu Éloi à Protais, le violonneux, et Laura, sa soeur qui l'accompagnait au piano. Pour en connaître davantage sur les diverses étapes de leur vie, il m'a paru utile, un jour, alors qu'ils vivaient tous deux à Beaumont, de leur poser des questions qui vont suivre, et, bien entendu, les réponses que nos deux musiciens nés à College-Bridge, ont aimablement accepté de donner. Voici donc le compte-rendu détaillé de cette conversation inoubliable.
Q. Alors, Éloi, tu joues au violon depuis quel âge?
R. J'ai commençé vers l'âge de huit ans.
Q. Tu as dû avoir un professeur. Qui t'a enseigné le violon?
R. J'ai appris par moi-même. Mon grand-père jouait le violon et j'ai décidé que je voulais jouer le violon moi aussi.
Q. Ton père s'appelait Protais LeBlanc. Est-ce qu'ill était musicien?
R. Oui, il jouait de la musique à bouche.
Laura, la soeur d'Éloi, est présente à l'entrevue et elle ajoute: "C'est surtout du côté maternel de notre famille qu'il y avait des musiciens. Il y avait, en particulier, beaucoup de joueurs de violon. Notre grand-père Landry jouait du violon et il y en avait plusieurs autres.
Q. Est-ce qu'il y avait d'autres musiciens dans la famille de Protais LeBlanc?
R. (Laura) Ah, oui! Séverin jouait de la guitare, alors qu'Éloi et Camille jouaient du violon. Papa jouait de la musique à bouche alors que je jouais du piano.
Q. Comme ça, à peu près tout le monde dans la famille était musicien?
R. Oui, et souvent les gens venaient passer les veillées chez-nous. C'étaient des vraies soirées de musique.
Q. Et toi, Éloi, tu as continué à jouer du violon un peu partout?
R. Oui, j'ai d'abord joué à Moncton avec Bob White pendant deux ans. Après cela, je suis allé jouer à Saint-Jean. Nous jouions pour le programme "Maritime Farmers". Là, j'ai joué pendant cinq ans et, un peu plus tard, pendant quatre autr
es années.
Q. Et après, n'as-tu pas joué à travers le Canada?
R. Oui, je suis allé jouer avec Kidd Baker et son groupe. Nous étions cinq musiciens et nous avons joué de Victoria, C.B. jusqu'à St-John's, T.-N., sans oublier les Iles de la Madeleine.
Q. Ça a duré combien de temps avec Kidd Baker?
R. J'ai joué pendant douze ans avec le groupe de Kidd Baker. Nous voyagions d'une ville à l'autre en automobile. Ça payait entre 45 et 50 piastres par semaine. C'était pas mal en ce temps-là.
Q. Ce dénommé Kidd Baker, qu'est-il devenu?
R. Il demeure maintenant (1976) à Tilley, près d'Andover, au Nouveau-Brunswick.
Q. As-tu endisqué avec son groupe?
R. Oui, nous avons fait une trentaine de disques (78 RPM).
Q. Tu en as des copies?
R. Non, je n'ai aucune copie de ces disques. II y a longtemps que je suis allé voir Kidd Baker chez lui, et nous en avons profité pour écouter plusieurs de ces disques. Il n'y a pas longtemps, je suis allé voir Kidd Baker chez lui afin d'en écouter d'autres, car il possède la collection complète de ces enregistrements.
Q. Alors, à un moment donné, tu as quitté le groupe de Kidd Baker, Où es-tu allé, alors?
R. Je suis revenu à Memramcook. J'ai décidé de demeurer avec ma soeur Laura à Beaumont.
Q. Ça fait longtemps que tu demeures à Beaumont?
R. Ça fait plus de vingt ans. Avant ça, toute notre famille demeurait à College-Bridge, de l'autre bord de la rivière Memramcook.
Q. Et tu as continué à jouer du violon?
R. Ah! Oui. J'ai d'abord joué avec un groupe d'ici, à Pré-d'en-Haut. Ensuite, j'ai joué avec Gerry Myers de Moncton. Après ça, j'ai joué avec un groupe de
Saint-Anselme. Il y avait Georges Bourque qui jouait les tambours et Gerry à Séverin LeBlanc. Ce dernier joue encore, paraît-il.
Q. Et maintenant, que fais-tu?
R. Maintenant, je joue dans des soirées avec Laura au piano. Quelques années passées, j'ai fait une tournée dans le Nouveau-Brunswick avec les Chanteurs du Mascaret. Il y avait, alors, Arthur Girouard, flutiste, Bob Beaulieu, contrebassiste, et Pat Laurette, pianiste.
Q. Quand tu restais à College-Bridge, jouais-tu dans un groupe?
R. Oui, nous avons eu un groupe composé d'Emerald Gaudet au piano, mon frère Séverin à la guitare, et Frank à Fred Richard, Steppeux. Nous avons fait le tour de la province.
Q. Tu as dû jouer en d'autres occasions?
R. Ah! Oui. Il y a quesques années, je suis allé à Québec avec Donat Lacroix et un autre musicien dont j'oublie le nom. Nous avons joué au Château
Frontenac. Je me rappelle lorsque nous étions à l'aéroport de Québec, à la veille de prendre l'avion, on annonçait le kidnapping de Pierre Laporte.
Q. Le violon que tu as maintenant, il est vieux?
R. Je l'ai acheté à Kitchener, en Ontario. Celui qui me l'a vendu m'a dit qu'il était vieux de plus de cent ans. Mon premier violon m'a été donné par mon grand-père. Mon deuxième, je l'ai acheté chez Eaton's. Plus tard, j'en ai acheté un autre chez Eaton's. Et plus tard encore, j'en ai acheté un chez Ben Goldstan's, à Saint-Jean.
Q. Pour tout dire, ça fait pas mal longtemps que tu joues du violon, n'est-ce pas?
R. Oui, depuis l'âge de huit ans, j'ai toujours joué. Et pendant au moins vingt-trois ans, c'est tout ce que je faisais pour gagner ma vie.
Q. Tu vas enregistrer le premier disque où tu seras la vedette. (1976). Quelles sont les pièces que tu vas jouer?
R. Bien il y en a plusieurs. Il y en a que j'ai composé moi-même, comme la Gigue à Thaddée, le Reel de Beaumont, le Reel de la Galerie et la Gigue de l'Hiver. Il y a aussi /a Tounne à Éric à Théotime à Six-Pouces, la tounne que j'ai apprise d'Eve à Mac à John. Elle restait en Haut-du-Ruisseau, près de la Source à Marianne. Et il y en a d'autres comme le Reel de la train de Bouctouche, le Coq pi la Poule et La p'tite Chatte (celle-là vient de Boston).
Q. Avec qui joueras-tu sur le disque?
R. Je jouerai avec ma soeur Laura et un Saulnier de la Nouvelle-Écosse, à la guitare et au banjo.
Q. Alors, Laura, tu seras une vedette, toi aussi?
R. (Laura) Oui, un peu. D'ailleurs, ça fait longtemps que je joue avec Éloi.
Q. Depuis quand joues-tu le piano?
R. J'ai d'abord suivi des leçons de la défunte Célina. Elle était une soeur à Sara à Olivier. Après ça, mon professeur a été Zéphée à Philémon Richard, de College-Bridge. Ensuite, ça été les deux filles à Ben à Jos Bunker. L'une s'appelait Anita et l'autre Berthe. Ensuite, j'ai suivi des leçons de dame Léo LeBlanc, de Moncton. Elle était anciennement de College-Bridge. Elle était la soeur de Raymond à Féréole Richard.
Q. Tu as joué sans arrêt depuis ce temps-là?
R. Non. J'ai arrêté pendant quatre ans. Et j'ai recommencé et je n'ai pas arrêté depuis. Autrefois, j'accompagnais différents musiciens de College-Bridge.
Et maintenant? Maintenant, en plus d'accompagner Éloi, je joue à l'église de Pré-d'en-Haut. J'ai aussi joué de l'orgue à Memramcook ainsi qu'à Lewisville.
Q. Est-ce que tu as eu l'occasion de voyager?
R. Pas autant qu'Éloi. J'ai déjà joué à Saint Jean et à Fredericton.
Q. Finalement, vous allez tous deux enregistrer un disque qui sera le meilleur souvenir que vous pourriez laisser à toutes les personnes de Memramcook. Alors, je vous souhaite le meilleur des succès.
Donatien Gaudet
MARIE LÉGER
(1892 - 1991, NÉE LANDRY)
Marie Léger naquit le 21 février 1892 à Lourdes, fille de François Landry et de Marguerite Vienneau. En 1911, elle épousa Édouard, fils de Sylvain Léger et de Rosalie LeBlanc, qui habitait au bas de "La Montain".
Pendant plusieurs années, les nouveaux mariés élirent domicile aux États-Unis où ils devinrent manoeuvres dans les grandes filatures de la Nouvelle-Angleterre. De retour au Canada, Marie appuya son mari comme entrepreneur de pompes funèbres à la Maison funéraire Léger qui avait été fondée quelques années auparavant par Sylvain à Thadée Léger.
En 1937, Marie se rendit à Saint-Jean comme stagiaire au "Brennan Funeral Home". C'est le 21 novembre de cette année-là qu'elle reçut son permis d'entrepreneur de pompes funèbres. Par ce fait même, elle devint la première femme acadienne à exercer ce métier au Nouveau-Brunswick. Après plus d'un demi-siècle (52 ans), "La maison funéraire Léger" a été vendue à Dollard Dupuis en novembre 1963.
III serait bon de noter que Marie Léger a été la secrétaire de son mari Édouard Léger, député à l'Assemblée Législative de la province du Nouveau-Brunswick, élu en 1939, 1944 et 1948.
De plus, elle a été musicienne à ses heures, couturière, jardinière, zélatrice auprès de l'Association de la Médaille miraculeuse. Cette femme zélée et grande chrétienne et qui n'a jamais cherché ouvertement les grands honneurs, est décédée le 3 mars 1991 à la Villa du repos (Moncton) à l'âge vénérable de 99 ans.
Lors de l'Assemblée annuelle d'avril 1997, la Société historique de la Vallée de Memramcook Inc. est heureuse d'honorer cette noble pionnière en lui décernant à titre posthume, une plaque commémorative.
Dr. Robert Léger