CONGRÉGATION
SAINTE-CROIX


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Camille Lefebvre
1831 - 1895
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Père Camille Lefebvre Ce matin, vers 6½ heures, le Très Révérend Père Lefebvre a été trouvé mort dans son lit. Le triste événement s’est répandu comme un éclair dans le collège et au couvent, parmi les Pères, les élèves et les Révérendes Soeurs de la Ste-Famille qu’il avait fondées.

Le Père Lefebvre avait assisté, dans la journé d’hier, à tous les exercices de la communauté, comme de coutume. Il était resté à la récréation du soir jusqu’à la fin et ne s’était retiré dans sa chambre qu’à l’heure ordinaire, après la prière en commun.

Comme toutes ses sollicitudes et ses inquiétudes étaient pour son cher collège, on remarquait qu’il était devenu dernièrement, plus inquiet, la nuit, relativement aux accidents qui peuvent provenir du feu, etc. Il était dans l’habitude de faire une visite dans le collège quand il craignait quelques dangers venant des fournaises ou des tuyaux calorifères. Quelques-uns le virent hier au soir, vers dix heures, monter au dortoir et s’assurer si les clefs des tuyaux de chaleur étaient en règle. Il descendit de suite, sans laisser connaître à qui que ce soit que son état de santé fut anormale ou inquiétant.

Ce matin, l’absence du Très Révérend Père Lefebvre de la méditation commune à laquelle il présidait toujours, fut remarquée, car le regretté supérieur était un modèle de régularité. Il se levait invariablement à 4½ heures, quoique le lever commun des Pères fut à 5 heures. Au sortir de cet exercice, ceux qui passèrent près de sa chambre virent qu’il y avait de la lunière dans cette dernière qui était légèrement entr’ouverte. Chacun se rassura là-dessus et s’en alla aux fonctions de sa charge respective.

Une demi-heure plus tard, les deux soeurs qui avaient coutume de faire les appartements du bon Père pendant qu’il célébrait la Sainte Messe, aperçurent - en ouvrant la porte de sa chambre - le regretté défunt sur son lit dans l’état du sommeil apparemment. Elles ne pénétrèrent pas dans la chambre. Elles allèrent de suite avertir le Révd Père Arsenault, préfet de discipline, et le Révd Père A. D. Cormier. Ces derniers trouvant le fait insolite se rendirent en toute hâte auprès du lit du Père Lefebvre. Ce n’était, hélas! que pour y constater qu’ils étaient en face du cadavre déjà refroidi du Vénéré Supérieur qui les avait élevés et guidés tous deux depuis leur enfance.

Le médecin du collège, mandé en toute hâte, arrivait quelques minutes plus tard. Après l’examen d’usage, il annonçait que la mort avait été occsionnée par une paralysie du coeur et que vu l’état actuel de rigidité, la mort avait du survenir vers deux heures du matin. Il fut question immédiatement d’une enquête. Mais le témoignage du Docteur Gaudet, coroner du comté, ajouté à celui des Pères qui l’avaient trouvé sans vie une demi-heure plus tôt, fut jugé suffisant sans qu’il y eût recours à la formalité accoutumée.

Cette nouvelle imprévue a été transmise de suite par dépêche télégraphique au Très Révérend Père Général de l’ordre de Ste-Croix, au Très Révérend Père Baudet, Provincial, à Nos Seigneurs les Évêques et aux Supérieurs des collèges des Provinces Maritimes et à tous ces membres du clergé - anciens élèves du collèges St-Joseph- que l’invitation écrite ne pourrait atteindre en temps.

Le service aura lieu jeudi à 10 heures du matin. Tous les membres du clergé et autres auxquels notre lettre d’invitation ne sera pas parvenue par une raison ou par une autre, sont invités par ce fait par la voie du Moniteur. D’ici aux funérailles, les restes du vénérable Père seront exposés dans le salon du collège, converti en chapelle ardente. Demain matin, mardi, une messe solennelle de requiem sera chantée dans l’église paroissiale pour le repos de son âme. Tous les soirs, d’ici aux funérailles, les cloches du collège et de l’église sonneront, après l’angelus, le glas funèbre pour inviter les paroissiens à prier pour leur curé défunt.
( Paru dans le Moniteur Acadien du 29 janvier 1895 )

Voir LEFEBVRE, CAMILLE