Bella Léger (Mère Marie-Jeanne-de-Valois)
1899-1995
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L'Acadie Nouvelle - le 11 mai 1995

L'Acadie a perdu hier une de ses grandes éducatrices, une bâtisseuse, une de ses femmes de grande vision. Mère JeannE de Valois (Bella Léger) est décédée à trois hewures hier après-midi.

Née à Saint Antoine le 15 mai 1899, elle était la fille de Laurent et Émilie (Breau) Léger. Troisième d'une famille de dix enfants dont deux sont morts en bas âge, un frère, Félix de Saint-Antoine, est le seul survivant de sa famille immédiate.

"Mère Jeanne n'avait pas une grande santé", nous a révélé son ancienne élève et amie de longue date, Sr Marie-Dorothée. "Bien que très lucide, son état de santé s'est graduellement détérioré depuis avril 1994 et surtout depuis environ trois mois", a-t-elle relaté.

"Je la voyais tous les jours à 4 h et je l'informais de l'actualité. Une de ses dernières grandes joies fut l'annonce de la nomination de son ami de longue date Roméo LeBlanc comme Gouverneur général du Canada", a laissé entendre la porte parole de la Congrégation Notre-Dame du Sacré-Coeur.

Mère Jeanne de Valois était l'une des trois dernières survivantes du groupe des 53 religieuses qui en 1924, un 17 février, se séparaient des Religieuses de la Charité, une congrégation anglophone dont la maison-mère était à Saint-Jean, et fondaient les Soeurs n.d.s.c. Les deux survivantes sont Sr Marie-Colette (102 ans) et Sr Marie-Valérie (99 ans).

Bella Léger n'avait que 15 ans lorsqu'elle quitta Saint Antoine pour s'inscrire à l'école Normale à Fredericton. Â son retour, elle assumera un poste d'enseignante à Sainte-Marie, Saint-Antoine et Bouctouche avant d'entrer chez les Soeurs de la Charité, le 8 septembre 1920.

En 1924, peu de temps après la fondation de la nouvelle congrégation, elle ira fonder un couvent à Petit-Rocher, où elle prit la direction du secondaire à l'école. On dit qu'elle y remporta un brillant succès et que, grâce à son travail, de nombreuses jeunes filles complétèrent un diplôme d'études secondaires avant de se diriger vers l'école Normale.

En 1930, la supérieure voyant en elle sa valeur, ramène la jeune religieuse au pensionnat de Saint Joseph, où elle demeurera jusqu'en 1949. Ce séjour à Saint-Joseph sera toutefois entrecoupé en 1936 d'un séjour d'études à l'Université de la Sorbonne à Paris.

"Elle est revenue de Paris transformée, relate Sr Marie-Dorothée. Ses convictions et son ardeur sur la nécessité d'offrir à ses étudiantes une bonne formation en langue française n'en ont été que renforcées. Elle est revenue avec une toute nouvelle vision des besoins en éducation."

C'est avec la complicité du Père Clément Cormier qu'en 1943, Mère Jeanne de Valois fonde un collège pour jeunes filles à Saint-Joseph.

Quelques années plus tard, et toujours influencée par cet autre visionnaire qu'était le Père Clément Cormier, le collège est transféré à Moncton et devient le Collège Notre-Dame D'Acadie. Le NDA offrira des études au niveau du baccalauréat jusqu'à sa fermeture, au milieu des années soixante, alors que de la fusion du Collège Saint-Joseph et du NDA était fondée l'Université de Moncton en 1963.

Mère Jeanne de Valois a été supérieure générale de sa congrégation de 1954 à 1966. Elle est aussi la fondatrice et première directrice de l'Hôpital Stella-Maris à Sainte-Anne de Kent.

Parmi les nombreuses étudiantes de Mère Jeanne, Antonine Maillet lui a rendu un vibrant hommage en publiant une biographie romancée intitulée "Les Confessions de Mère Jeanne de Valois". "Elle fut très touchée par ce geste. Sachant qu'il s'agissait d'un roman, elle a accepté qu'il y eut beaucoup de vérité mais que l'auteure se soit permise d'improviser à quelques occasions", a souligné Sr Marie-Dorothée.

En 1989, elle était reçue membre de l'Ordre du Canada. En 1991, en témoignage pour les services rendus à la cause de l'éducation en Acadie, l'Université de Moncton nommait l'édifice abritant les sciences de l'éducation de son nom.

Soeur Jeanne de Valois laisse un frère, Félix (Anita) de Saint Antoine, sa communauté religieuse de même plusieurs neveux et nièces.

Cinq frères, Floribert (Emilienne), Évariste (Florence), Henri (Rosée), Edmond (8 ans) et Adelbert (9 mois); trois soeurs, Sara (Howard) Hébert, Julie (Gérard) Beauchêne de même que Dométhilde (Wilfred) Bourgeois l'ont précédé dans la tombe.

La dépouille mortelle est exposée à la Maison Mère, rue King à Moncton, aujourd'hui et demain, entre 14 h et 21 h. Le service funèbre sera chanté en la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, le samedi 13 mai, à 9 h 30.