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Le journal L’EVANGELINE, qui va marquer cet automne son soixante-quatorzième anniversaire de fondation, est un des plus beaux fleurons du diocèse de Moncton. Mais, comme bien d’autres œuvres, il a connu ses débuts ailleurs, et ce n’est que par la suite que les circonstances l’ont amené à Moncton.
Le journal a été fondé à Digby, en Nouvelle-Ecosse, en novembre 1887, par M. Valentin Landry. M. Landry, qui était originaire de Pokemouche, avait déjà connu une carrière mouvementée. Il avait participé à la fondation du Courrier des Provinces Maritimes. A Bathurst, deux ans plus tôt, il avait été instituteur et inspecteur d’écoles au Nouveau-Brunswick, et il a été un des deux premiers Acadiens à fréquenter les cours et obtenir leur brevet de l’école normale de la Nouvelle-Ecosse.
Il a fondé son journal à Digby, mais au bout de quelques mois, l’a transporté à Weymouth, où il a été publié jusqu’en 1905.
Deux aspects ont caractérisé le journal dès son début : d’abord sa combativité. Ceci dépendait de M. Landry, qui attaquait franc et dru. Et aussi, le fait que dès ses débuts, le journal n’a pas voulu être un journal régional, mais s’est intéressé à tous les groupements acadiens. Dès ses premiers numéros, on y trouvait des nouvelles des Acadiens du Cap-Breton, de l’Ile du Prince-Edouard, de tous les coins du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie.
Le journal a paru à Weymouth pendant dix-sept ans. Il était publié dans un petit édifice, situé à l’extrémité ouest du pont, du côté de la route.
En 1905, M. Landry déménage son journal à Moncton. Dans le temps, il expliqua qu’il avait choisi de venir s’installer dans cette ville parce qu’il prévoyait qu’elle allait devenir un centre important dans la vie acadienne.
M. Landry se faisait alors vieux, et il voulait que son œuvre continue. Il organisa donc une compagnie, en 1910, et lui céda ses droits. Cette compagnie, L’EVANGELINE Limitée, a continué la publication du journal jusqu’en 1944.
Pendant tout ce temps, le journal paraissait comme hebdomadaire sauf pendant deux courtes périodes. La première est survenue après la première guerre mondiale, alors que le journal a paru deux fois la semaine. Et la deuxième est survenue en 1932 alors que le journal a voulu devenir quotidien. L’effort n’a pas réussi, et l’année suivante, est redevenu hebdomadaire.
En 1943, le Conseil de la Vie française a organisé une souscription pour la presse acadienne dans la province de Québec et a recueilli $110,000. Les Acadiens fournirent une somme à peu près égale, tout cela en vue de doter l’Acadie d’un journal quotidien.
Une nouvelle compagnie fut organisée, L’Imprimerie acadienne Limitée, qui acheta L’Evangéline Limitée, et l’Imprimerie Nationale Limitée, qui publiait un autre hebdomadaire, L’Ordre Social. Un édifice fut acheté sur la rue principale, où les deux imprimeries furent installées. Toutefois, il ne fut pas possible de lancer le quotidien, parce que nous étions alors en pleine guerre, et le papier-journal était rationné.
Ce n’est qu’en 1948 que le journal a finalement obtenu le papier requis. Dès le mois de décembre, on a commencé la publication bi-hebdomadaire, puis trois fois la semaine, et finalement, le 12 décembre 1949, le premier numéro du quotidien paraissait. [La dernière édition du journal paraît le 27 septembre 1982.]
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